Les sciences citoyennes pourraient être l’avenir de la RSE

Nous l’avons encore vu récemment avec l’initiative pour des multinationales responsables, l’audit et la vérification par tierce partie sont au centre des débats sur la responsabilité sociale.
L’une de ces problématiques est le conflit d’intérêts pouvant exister entre la compagnie demandant l’audit, et la firme le réalisant. Quelle est vraiment l’indépendance de l’auditeur si celui-ci est payé par l’entreprise qu’il contrôle?

Et si une entreprise demandait à des citoyens « ordinaires » d’effectuer cette validation externe? On pourrait pour cela s’appuyer sur le modèle des sciences citoyennes, qui prend de plus en plus d’importance, notamment avec le « big data ». Des citoyens qui collectent des données sur les entreprises pour déterminer si elles sont responsables ou non, c’est alléchant. Si jusqu’à présent, en matière de responsabilité sociale, les individus ont surtout la possibilité de « voter avec leur porte-monnaie », il serait peut-être temps de passer à une étape suivante. smartphone-590105_640

J’ai eu récemment une discussion très intéressante avec Jean-Paul de Vooght, qui a écrit un article tout aussi intéressant sur le sujet. Les possibilités semblent prometteuses, mais les questions sont nombreuses!

Comment mettre cela en place concrètement? On imagine volontiers une application smartphone sur laquelle tout individu pourrait rentrer des données. Mais quelles données? Et d’où viendraient-elles? Chaque citoyen pourrait faire un petit rapport, photos à l’appui, d’une éventuelle faute commise par l’entreprise, dans les droits humains ou dans l’environnement. Mais d’un rapporteur à un délateur, il n’y a qu’un pas…Et s’il peut y avoir conflit d’intérêts entre une entreprise et son auditeur, rien n’empêche que ce soit le cas avec des individus « lambda ».

J’aime cette idée de « whistleblower externe », mais je ne suis pas sûr de la façon dont cela pourrait être mis en place. On pourrait aussi imaginer de prendre le côté positif des choses: un citoyen pourrait signaler un comportement exemplaire, une campagne de sensibilisation à laquelle il a été sensible, etc.

Comme je l’ai dit, j’ai le sentiment qu’il y a quelque chose à faire dans cette articulation entre sciences citoyennes et RSE. J’ai surtout envie de lancer la discussion, peut-être aurez-vous des idées?!

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Numérique et environnement: entre impacts et solutions

Cet article est le premier d’une série de trois, que j’écris suite à l’invitation par Orange à un dîner à Paris au cours duquel nous avons échangé sur plusieurs thématiques autour de la responsabilité sociale. Pour être clair, Orange m’a payé le TGV entre Genève et Paris, ainsi que le dîner. Le reste des frais était à ma charge.

La discussion – organisée avec Denis Guibard, Directeur du développement durable chez Orange, et Eric Rondeau, Professeur à l’Université de Lorraine – s’est rapidement orientée vers le sujet de la domotique. Comment ces services novateurs pourraient nous aider à réduire notre impact environnemental, mais aussi comment cela fait 20 ans que nous les attendons! Un aspect de la discussion qui m’a tout particulièrement interpellé portait sur le rôle fondamental des…ouvriers! GooglePlus_Orange_Logo_Black

On l’oublie trop souvent, mais avant de se demander combien de ci ou de ça on économise, il faut que quelqu’un mette tout cela en place! Et si un ouvrier – par exemple, celui qui va poser les fils électriques – n’est pas formé spécifiquement, tout cela ne servira à rien. Cela m’a fait penser à un article écrit ici dans lequel je m’efforçais de démontrer à quel point une stratégie – qu’elle soit environnementale, sociale, responsable, etc. – se doit d’être implémentée à tous les niveaux. Si Orange veut proposer des produits « éco-intelligents », l’entreprise doit s’assurer que non seulement le CEO adhère à l’idée et que le marketing a bien compris les enjeux, mais aussi que les personnes qui vont les mettre en place savent le faire. Est-ce pour autant qu’Orange devrait proposer des formations spécifiques aux installateurs, monteurs ou réparateurs?

J’ai posé une question relative à la Citizen Science: est-ce qu’Orange envisage d’avoir recours aux citoyens, aux utilisateurs pour récolter des données, que ceux-ci collecteraient volontairement. Ces données pourraient porter sur la consommation d’énergie, sur la santé (exposition aux ondes) ou sur d’autres thématiques. Concernant la santé, on m’a répondu – à juste titre – que s’il serait pertinent d’avoir accès à de telles données, cela posait malgré tout deux problèmes majeurs. Le premier lié au fait que c’est un sujet très sensible, très personnel. Le deuxième problème serait la validité des données: comment s’assurer que celles-ci ont été collectées de manière scientifique et peuvent donc être utilisées? Dès lors, si Orange ou une autre institution devait rejeter certaines données, cela deviendrait très vite suspect et nombreux sont ceux qui les accuseraient de choisir uniquement les données qui les arrangent.

Sur la question de la consommation de l’énergie, les choses semblent plus nuancées. Cela pourrait être envisageable, à condition là aussi de s’assurer de la validité scientifique des données. Si Orange pouvait obtenir des informations collectées de manière précise par des personnes le faisant de manière volontaire, cela pourrait non seulement lui permettre d’améliorer ses produits, mais aussi faire avancer le domaine de la consommation d’énergie domestique de manière générale. Reste à savoir si c’est le rôle d’une entreprise de télécommunication que de mener de telles recherches scientifiques…