Investissement socialement responsable et fonds de pension

Les managers de fond de pension considèrent de plus en plus qu’ils ont la responsabilité de contribuer au développement durable au travers de leurs activités. Si nous nous penchons sur les caractéristiques principales des fonds de pension – taille, horizon de placement, diversification – nous réalisons qu’ils peuvent être de fervents défenseurs de l’ISR. Dans la mesure où les fonds de pension ont une approche sur plusieurs dizaine d’années, l’investissement socialement responsable est particulièrement séduisant puisqu’il est explicitement basé sur le long terme.

Si l’on se réfère au guide sur l’Investissement Socialement Responsible (ISR) publié par Mercer en 2007, l’ISR peut être défini comme un processus d’investissement qui cherche à atteindre des objectifs sociaux et environnementaux en parallèle des objectifs financiers. Les signataires des Principes des Nations Unies pour l’investissement responsable (UNPRI) croient que les problèmes environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) peuvent influer sur la performance de portefeuilles d’investissement (à des degrés divers en fonction des compagnies, secteurs, régions, classes d’actifs et au cours du temps). Nous pouvons trouver de nombreuses définitions de l’ISR et la diversité de ces définitions reflète les diverses approches qui peuvent être adoptées afin d’être considéré comme « socialement responsable ».

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RSE: gestion du risque ou création de valeur?

En parcourant le rapport Metrics that Matter, du « Investor Responsibility Research Centre Institute », on est tout de suite attiré par les 3 conclusions majeures auxquelles les chercheurs sont arrivés:

  1. Il y a un consensus général sur les problématiques-clés de la RSE, mais pas nécessairement sur la forme et le nombre de mesures utilisées pour les évaluer. Il y a aussi une différence fondamentale sur le(s) but(s) que l’on cherche à atteindre en examinant les informations ESG (environnement, social, gouvernance), selon que l’on se situe du côté des « executives » de l’entreprise, ou de celui des chercheurs/investisseurs.
  2. Aussi bien les dirigeants d’entreprise que les chercheurs/investisseurs abordent les questions ESG selon une perspective de diminution du risque, et non pas dans une perspective de création de valeur.
  3. Les améliorations futures dans le domaine de la divulgation, de la collecte et de l’utilisation des données pour l’analyse d’investissement requèreront une clarté améliorée ainsi qu’une communication plus efficace et plus cohérente entre les compagnies, les chercheurs et les utilisateurs de l’information.

Il semble que ces conclusions n’apportent rien de très nouveau, surtout la première et la troisième, mais il reste bon de les énumérer et surtout d’en apporter la preuve.

La deuxième conclusion toutefois met le doigt sur un problème encore persistent. On ne perçoit toujours pas ces questions de responsabilité sociale comme de véritables opportunités, mais toujours comme des moyens de gérer les risques. Certes, on peut avancer que gérer les risques consiste aussi à maximiser les probabilités d’occurence de risques positifs, mais le rapport coupe court à cet argument puisque l’on peut lire que la plupart des indicateurs spécifiques utilisés par les responsables EHS, les cadres supérieurs et les investisseurs se concentrent sur l’identification des attributs négatifs ou des risques à la baisse.

Le business case pour la responsabilité sociale a donc encore bien du chemin à parcourir!

Le screening négatif dans l’investissement socialement responsable

Ayant eu le plaisir d’être mandaté par une banque suisse pour créer une méthodologie d’évaluation de la performance extra-financière d’entreprises en vue de la création d’un fonds d’investissement socialement responsable (ISR), j’ai pu me spécialiser sur la question des ISR.

Un aspect central des ISR est celui du screening. Le screening est comme un filtre que l’on applique pour le choix des entreprises pouvant faire partie du fonds d’investissement. Je parle ici de screening négatif car il a pour but d’établir des critères d’exclusion.

Les critères d’exclusion peuvent eux-mêmes être de différentes natures. Il peut y avoir des critères liés au secteur. On décidera alors d’exclure les entreprises issues du secteur du tabac, de l’alcool, de la pornographie, du nucléaire, ou encore de l’armement. Les critères peuvent aussi être liés à des pratiques spécifiques, comme le travail des enfants, les tests sur les animaux ou encore le fait de faire affaire avec un gouvernement autoritaire.

A noter que certaines banques et agences notation n’imposent pas leur screening: elles laissent le client choisir selon quels critères les entreprises sont filtrées.

A partir de là, reste la question de savoir comment l’on va évaluer les entreprises: quelles dimensions va-t-on prendre en compte, quel poids donner à chacune d’elles, quels indicateurs utiliser, etc. ? Mais ça, c’est une autre histoire…

Et vous, quels seraient vos critères de screening? Que penser d’une entreprise produisant de l’alcool mais performant extrêmement bien d’un point de vue environnemental, social et économique?