RSE: ne perdez pas de vue votre stratégie

Go strategyLes obligations en termes de compliance, et les demandes toujours grandissantes de divers stakeholders pour des données de type ESG font, à mon sens, que la responsabilité sociale des entreprises se morcèle en d’innombrables entités distinctes. De ce fait, on perd de vue la « big picture », la vue d’ensemble qui permettrait d’établir et de suivre une stratégie claire.

Certes, en suivant les lignes directrices de telle organisation, en répondant au questionnaire de tel institut, on peut cocher des cases: voila notre consommation d’énergie annuelle, voici le montant total de nos dépenses en matière de santé et sécurité au travail, etc.

Mais cela fait-il vraiment du sens? Quel est le lien entre tous ces éléments? Faire de la compliance ne permet de pas d’établir une direction précise que l’on voudrait donner à son entreprise. Tout au mieux se laisse-t-on guider au fil des indicateurs à remplir, en essayant de survivre au flux constant des demandes formulées par telle ou telle agence de rating ESG.

Pourtant, stratégie d’entreprise et responsabilité sociale sont deux faces d’une même pièce. J’ai l’intime conviction que l’un ne va pas sans l’autre. Peut-on vraiment encore imaginer une stratégie d’entreprise n’incluant pas de considérations RSE? Cela se justifie vraimet de faire de la RSE, si celle-ci n’est pas ancrée profondément dans la stratégie de l’entreprise?

Bien sûr, il est rassurant – et relativement facile – de se contenter de cocher les case, de compléter ses « to-do lists ». Mais tout cela ne sert à rien, ou si peu, si l’on n’a pas effectué en amont un travail stratégique. Il faut plus d’hommes et de femmes ayant non seulement une très bonne connaissance du domaine global de la RSE, mais aussi une ouverture d’esprit leur permettant de voir au-delà de la compliance.

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Transparence pour les agences de notation ESG

J’ai lu ce matin un article très intéressant sur la question du rating et du ranking ESG. On y explique notamment comment le rating/ranking pousse les entreprises à s’améliorer en les comparant. On nous dit toutefois que devant la profusion d’indices ESG (DJSI, FTSE4Good, etc.), il n’est pas toujours aisé de s’y retrouver et de savoir si l’on peut faire confiance à telle ou telle agence.

Un passage de l’article a retenu plus particulièrement mon attention. Les auteurs nous disent en effet que les agences de notation ESG doivent être transparentes, afin que l’on puisse évaluer au mieux leurs méthodologies, et ainsi savoir si l’on peut s’y fier ou non.

Being able to evaluate the raters is essential, and transparency from the rating organization is the only way to tell if its methodology credibly addresses material issues.

Cela pose un problème très clair, et qui peut d’ailleurs s’étendre à toutes initiative, mesure, programme lié à la RSE. Le fond de commerce d’un agence de notation est précisément sa méthodologie. Méthodologie pour laquelle l’agence aura sans doute utilisé énormément de ressources afin de la développer. Si elle est totalement transparente à ce sujet, elle révèle ce qui la démarque des autres. Rien n’empêchera dès lors de copier cette méthodologie et de la réutiliser. Ou peut-être de la modifier légèrement et de la vendre comme un « DJSI amélioré ».

Cette demande de transparence me paraît légitime en soi, et je comprends bien l’argument qu’il y a derrière. Mais d’un point de vue « business », peut-on vraiment espérer obtenir une transparence complète?