Les obligations en termes de compliance, et les demandes toujours grandissantes de divers stakeholders pour des données de type ESG font, à mon sens, que la responsabilité sociale des entreprises se morcèle en d’innombrables entités distinctes. De ce fait, on perd de vue la « big picture », la vue d’ensemble qui permettrait d’établir et de suivre une stratégie claire.
Certes, en suivant les lignes directrices de telle organisation, en répondant au questionnaire de tel institut, on peut cocher des cases: voila notre consommation d’énergie annuelle, voici le montant total de nos dépenses en matière de santé et sécurité au travail, etc.
Mais cela fait-il vraiment du sens? Quel est le lien entre tous ces éléments? Faire de la compliance ne permet de pas d’établir une direction précise que l’on voudrait donner à son entreprise. Tout au mieux se laisse-t-on guider au fil des indicateurs à remplir, en essayant de survivre au flux constant des demandes formulées par telle ou telle agence de rating ESG.
Pourtant, stratégie d’entreprise et responsabilité sociale sont deux faces d’une même pièce. J’ai l’intime conviction que l’un ne va pas sans l’autre. Peut-on vraiment encore imaginer une stratégie d’entreprise n’incluant pas de considérations RSE? Cela se justifie vraimet de faire de la RSE, si celle-ci n’est pas ancrée profondément dans la stratégie de l’entreprise?
Bien sûr, il est rassurant – et relativement facile – de se contenter de cocher les case, de compléter ses « to-do lists ». Mais tout cela ne sert à rien, ou si peu, si l’on n’a pas effectué en amont un travail stratégique. Il faut plus d’hommes et de femmes ayant non seulement une très bonne connaissance du domaine global de la RSE, mais aussi une ouverture d’esprit leur permettant de voir au-delà de la compliance.