Pourquoi travailler dans la RSE?

WhyDans un précédent article, nous avions eu une discussion passionnante sur l’éthique des professionnels de la RSE. Nombreux sont ceux – sur le blog ou ailleurs – qui m’ont parlé du syndrome du cordonnier (qui est le plus mal chaussé) pour illustrer son point de vue sur la question.

J’aimerais poursuivre cette réflexion en posant une question qu’il aurait peut-être fallu poser avant celle de l’éthique, ou qui est plutôt parallèle à celle-ci, celle de savoir pourquoi nous travaillons dans la RSE. Nos motivations peuvent différer. Ou plutôt les motivations des autres, car les nôtres sont forcément nobles et justifiées!

  • Parce que l’on veut faire une différence. C’est the right thing to do pour changer et sauver le monde. Et l’on veut être de ceux qui œuvrent dans le bon sens.
  • Par opportunisme. La RSE, c’est à la mode et relativement nouveau; il y a donc moyen de percer dans ce domaine.
  • Par défaut. Ca ou autre chose, c’est une façon de gagner sa vie. Ce n’est pas vraiment un choix, et ce n’est peut-être qu’une phase dans une carrière.

Je sais que je le fais parce que j’y crois, et que je crois qu’il faut faire quelque chose pour repenser notre rapport non seulement au business, mais aussi à notre environnement dans sa globalité. Mais il y a aussi un peu de « je ne sais rien faire d’autre » qui entre en jeu, consciemment ou inconsciemment!

Et vous, quelle sont les motivations qui vous ont poussé ou qui vous poussent à travailler dans ce domaine?

Pourquoi trichons-nous?

Aujourd’hui, petite histoire. C’est l’histoire de Léa, 6 ans, qui rentre de l’école. Elle rentre de l’école avec appréhension car elle ramène un mot de sa maîtresse, stipulant qu’elle veut rencontrer ses parents car Léa a volé le crayon d’une de ses camarades. Quand son père lit le mot, il se fâche et commence à la gronder.

« Tu sais très bien que tu ne dois pas voler! Est-ce que c’est comme ça que nous t’avons éduqué? Tu ne dois pas prendre ce qui n’est pas à toi. On ne peut pas s’approprier le bien d’autrui comme ça! »

La discussion continue ainsi pendant quelques minutes encore, le père essayant de faire comprendre à Léa qu’elle ne peut pas se servir dans les affaires des autres impunément. Au moment d’envoyer sa fille dans sa chambre, le père ajoute encore.

« Et tu sais bien que si tu veux un nouveau crayon, tu n’as qu’à me le demander, je t’en aurais ramené un du bureau! »

PinocchioLa question que je me pose, vous l’aurez compris, est pourquoi certaines personnes – une majorité je crois – ont plus facilement tendance à accepter le mensonge, le vol, ou la tricherie, dans le cadre professionnel. Le père de Léa ne supporte pas l’idée que sa fille ait pu prendre le crayon d’une de ses camarades, mais il ne voit aucun problème à se servir dans la réserve de son entreprise. Je parle ici de « voler » un crayon, mais je me permettrais d’élargir le constat à des délits bien plus graves.

Y a-t-il vraiment quelque chose dans le contexte professionnel qui favorise ce type de comportement? Est-ce la peur, le stress, l’envie, l’appât du gain qui modifient nos valeurs et nous amènent à faire des choses si répréhensibles? Ou est-ce simplement dans la nature humaine et comme il se trouve que c’est au travail que nous passons la majeure partie de notre temps, c’est là que se manifeste le plus souvent cette nature?

Est-ce que c’est en commençant par voler un crayon que l’on est amené à « greenwasher » la performance de son entreprise ou à négliger la sécurité de ses employés pour économiser quelques milliers de dollars?

Autant de questions que j’aimerais explorer au cours des prochaines semaines, et auxquelles je vais bien sûr chercher des réponses. J’ai quelques pistes, mais je suis preneur pour toute nouvelle source d’information!

Soyez créatifs!

There are no longer any great jobs where someone else tells you precisely what to do. – Seth Godin

Ce qu’il y a de bien dans la responsabilité sociale, c’est que c’est un domaine qui en appelle à notre créativité. Alors aujourd’hui, vous n’avez pas besoin de moi, ou de qui que ce soit qui vous dise comment faire. Ou si peu:

  • Éteignez votre ordinateur.
  • Prenez un bloc de feuilles, un crayon et une gomme. C’est important d’avoir une gomme, ça permet de se lancer sans avoir peur de se tromper: on peut toujours effacer.
  • Installez-vous confortablement.
  • Créez votre nouveau projet RSE, quel qu’il soit.

Et si d’aventure vous rallumez votre ordinateur dans la journée, ou demain, ou dans une semaine, venez nous en parler!

Interviews & Job

DIGITAL CAMERAChères lectrices, chers lecteurs,

En cette période estivale, les activités sur ce blog fonctionnent au ralenti, il faut bien le dire! Il n’en reste pas moins que j’ai quelques projets concernant ce blog, et que j’y travaille dans l’ombre (ce qui tombe assez bien…).

C’est donc avec plaisir que je vous annonce d’ores et déjà que je compte lancer une série de petits interviews, qui seront publiés sur ce blog. Le but pour moi est de m’entretenir avec des professionnels de la RSE, pour en savoir plus sur leur travail et leur perception de la responsabilité sociale.

Ma liste d’interviewéEs potentiels est déjà longue, mais toute suggestion est la bienvenue! Les premiers interviews seront publiés début septembre.

A la même période, je serai à la recherche d’un nouveau job, mon contrat avec le BIT arrivant à sa fin. Là aussi, je suis preneur pour toute information!

Très bon été à toutes et à tous!

 

Ethique du professionnel de la RSE

If potential clients walk into Jack’s office thinking they had a small problem, he’d make sure they’d walked out thinking they had a huge one – and that Jack was the only person who could fix it for them. – Michael Soussan, Backstabbing for Beginners

Je me demande souvent à quels critères d’éthiques nous sommes soumis, nous les professionnels de la RSE. Sommes-nous « évalués » plus sévèrement que d’autres? Devons-nous être plus exemplaires que nos collègues comptables, marketeurs, financiers?

Faites comme je dis, surtout pas comme je fais: nombreuses ont été les occasions que j’ai eues de constater que les cordonniers sont les plus mal chaussés. Et que les professionnels de la responsabilité, de l’éthique, ne sont pas toujours très responsables eux-mêmes. Je pense notamment aux consultants en RSE. Ils sont certes confrontés à un environnement très compétitif, où il vaut mieux ne pas avoir froid aux yeux pour obtenir des mandats. Est-ce une raison pour laisser de côté ses convictions? A-t-on le droit de vendre une prestation à un client, un projet à ses dirigeants, à n’importe quel prix, en leur faisant croire n’importe quoi?

Je crois qu’un professionnel de la RSE se doit d’avoir des valeurs fortes. Et doit s’y tenir. Il doit être un leader par l’exemple. Je crois qu’il en va de sa crédibilité. Lorsque l’on m’a parlé d’un job dans une compagnie issue du secteur du tabac, je n’ai pas postulé, car ça ne reflète pas mes convictions. Mais j’avoue ne pas être très sûr du bien-fondé d’une telle décision. Doit-on vraiment être plus exigeants que d’autres? Est-ce que nos manquements à l’éthique, s’ils sont plus flagrants pour nous que pour d’autres, ne sont-ils pas finalement naturels?

Je suis membre de nombreux groupes et nombreuses communautés sur la RSE (Twitter, groupe Facebook, groupes LinkedIn, Justmeans, Wizness, etc.), mais je n’ai pas souvent vu la question de l’éthique ressortir dans les nombreuses conversations que j’ai pu suivre sur les métiers de la responsabilité sociale.

Auriez-vous des idées sur le sujet? Vous êtes-vous déjà dit « En tant que pro de la RSE, je ne peux pas faire ça »?