Un excellent article, écrit par le non moins excellent Jo Confino, pose la question de savoir si les récentes déclarations de Coca-Cola quant à son désir de s’engager contre l’obésité ont beaucoup…de poids.
Comme le dit très bien l’article, il est difficile de faire partie de la solution, si l’on fait clairement partie du problème. Certains diront que c’est toujours mieux que rien. D’autres estiment que c’est peine perdue.
J’avoue ne pas savoir où me positionner. Que pourrait vraiment faire Coca-Cola pour lutter contre l’obésité, sachant que son business principal est de vendre des boissons trop sucrées?
Est-ce qu’une solution consistant à proposer des alternatives est valable ou serait-elle une façon de se libérer du problème? Coca-Cola pourrait avancer que les gens ont le choix entre boire leur eau et boire leur boisson sucrée, et qu’à partir de là, il s’agit d’une question de responsabilité individuelle, chacun étant libre de faire ce qu’il veut.
Est-ce qu’au contraire, Coca-Cola devrait s’orienter progressivement vers la vente de boissons saines, sans (trop de) sucre? A la manière d’une entreprise se tournant progressivement vers des fournisseurs « fair-trade » ou des produits bios.
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Hello Julien, il ne faut partir dans une perspective faussée par l’émotion ni altruiste. Coca-Cola ne cherche pas à se tirer une balle dans le pieds, mais bien à maintenir/maximiser ses profits à long terme (c’est une bonne définition de « sustainability » non?).
Le fait qu’ils annoncent s’orienter vers la lutte contre l’obésité est simplement le résultat d’un constat. Le risque de manque à gagner en restant une companie pointée du doigts qui n’évolue pas est trop grande par rapport à la possibilité de s’assurer une part de marché à long terme. Leur business plan est même brillant je dirai en ce sens.
Il ne faut pas oublier que le produit phare de Coca n’est d’une part pas le seul produit qu’ils vendent, ils vendent de l’eau (!) et des autres produits (light, etc). Ils ont d’une certaine manière déjà la solution à leur risque (lié à l’obésité) dans leurs gamme de produits, reste plus qu’à orienter le consommateur et l’engager surtout pour s’assurer la part de marché dans le futur. Si c’est possible de le faire en faisant bénéficier les deux parties, et ben tant mieux… d’où le business plan actuel (ça rappelle un peu le « shared value » de Nestlé ou du prof. Porter/publié dans le HBR).
Pour répondre à ta dernière question (orientation de coca vers des boissons sans sucre), je dirai non. Une boisson avec du sucre fait du sens dans beaucoup de cas (activité sportive, etc) et a donc sa place sur le marché.
Au plaisir d’en discuter.
Merci, Samuel, pour cette contribution à la discussion! L’option de proposer des alternatives te semble donc plus probable et intelligente; et je pense rejoindre ton avis. Encore une fois, je pense que c’est à ce moment la question de la responsabilité individuelle qui est engagée.
Pour ce qui est des boissons sucrées, je ne connais pas assez bien les tenants et aboutissants en matière de nutrition pour pouvoir me prononcer sur la réelle utilité de telles boissons. Je fais/ai fait beaucoup de sport, et je dois avouer que j’ai toujours préféré boire de l’eau avant, pendant et après l’effort. Mais il est certain que le sucre reste un « aliment » sain, pour autant qu’on le consomme dans des quantités raisonnables. Peut-être qu’une modification de la recette serait à envisager.
Reste à savoir si un verre de coca ne contenant pas l’équivalent d’un millier de morceaux de sucre pourra toujours être vu comme un « vrai » verre de coca!
Dans le cadre de récentes recherches pour une thèse professionnelle, j’ai interviewé un nutritionniste, endocrinologue, diabétologue : le Professeur Bonnet, CHU de Rennes. Nos échanges ont porté sur l’aspartame et le sucre.
Le sucre fait partie de notre culture.
Selon le Professeur Bonnet, les personnes qui ont des habitudes alimentaires ne les changent pas facilement. Quelqu’un qui est plutôt « sucré » gardera cette habitude alimentaire. C’est indémontrable de dire que le sucre appelle le sucre. On ne peut conclure à un phénomène d’addiction.
Pour certains profils psycho, il y a un besoin de compensation important qu’il trouve dans la nourriture qui leur apporte une certaine stimulation à la dopamine. C’est la même chose pour l’alcool et la caféine.
Selon moi et pour répondre à la problématique de Coca Cola, la voie de Système U serait intéressante à suivre, à savoir la substitution du sucre par la stévia. Dès les années 70, la stévia a été commercialisée au Japon. Les études sont bonnes et on a du recul maintenant. Cet édulcorant semble bon.
La Laiterie de St denis de l’Hôtel , LSDH, basée dans le 45, a investi 13 M€ dans une nouvelle ligne de production de sodas à la stévia et sans conservateur (production stérile et aseptisée).
Voici le compte-rendu de l’entretien mené avec le Professeur Bonnet pour ceux qui souhaiterait en savoir un peu plus (4 pages).
http://fr.slideshare.net/SCarrau/compterendu-entretien-professeur-bonnet-chu-rennes11oct12these-scarraubaisse-de-confiance-des-consommaeurs-vers-un-marketing-responsable
Merci pour ces précisions utiles, Sylvaine! Le compte-rendu d’entretien apporte un regard intéressant sur ces questions.
J’avais lu pour ma part que notre palais est naturellement enclin à aimer le sucre (et d’autres substances) car nous en avons besoin. A la préhistoire, notre corps avait besoin du sucre apporté par les fruits que nous trouvions ça et là. Ce besoin existe toujours, et nous aimons toujours le sucre; le problème est que nous pouvons maintenant trouver et consommer le sucre par kilos, sans effort. Ajouté à cela la sédentarisation de notre mode de vie, nous devons faire très attention à notre consommation de sucre.
Je ne suis pas particulièrement fan des approches consistant à « revenir à l’âge de pierre », mais je pense qu’il peut être intéressant de s’en inspirer pour trouver des solutions.