Débat sur l’initiative Minder

Ce jeudi 7 février a eu lieu à Lausanne un débat sur l’initiative Minder, organisé par Guilé Funds. Il s’agissait pour les intervenants présents d’examiner entre autres les questions qui font la différence entre l’initiative et le contre-projet, à savoir ce que les deux impliquent en termes de participation aux AG, l’obligation faite aux caisses d’être actionnaires actifs si l’initiative passe et la charge que cela représenterait pour elles, etc. J’aimerais aborder ici quelques points du débat qui m’ont paru intéressants.Mind the Gap

Je tiens à préciser ici, notamment pour les lecteurs français, qu’il s’agissait d’un débat suisse. Ce qui implique que l’on ne se coupe pas la parole, que l’on ne contredise pas trop ouvertement le point de vue des autres, et ainsi de suite… Je plaisante, mais il n’en reste pas moins que – hormis l’évocation d’une constitution communiste – il n’y a pas eu de grosses tensions. Cela est dû au fait que la préoccupation de fond a déjà passé: l’assemblée générale doit voter sur les rémunérations des dirigeants. Dans quelle mesure, selon quelles contraintes, voila ce sur quoi portera la votation du 3 mars. Il est intéressant de constater que le fait que les actionnaires doivent approuver ou non les rémunérations des dirigeants est une fait acquis.

Dès le début du débat, le modérateur rappelle un point important. L’initiative porte sur les rémunérations abusives, et non pas sur les hautes rémunérations. Il ne s’agit donc pas de décider ce qui est trop haut ou pas, mais ce qui est abusif ou ne l’est pas. Mais comment va-t-on décider de cela? Comment les actionnaires vont-ils établir que la rémunération de ce dirigeant est méritée et que la rémunération de cet autre ne l’est pas? Cela paraît très subjectif.

Un autre point ayant été soulevé est celui de l’obligation de voter et de la transparence de vote. Je crois que cela va s’avérer être très positif. Pour la transparence certes, mais surtout pour cette obligation: l’un des intervenants a parlé de dignité des investisseurs. Je crois que c’est très vrai. Il va s’agir pour l’investisseur de s’engager, d’être actif. On n’achète pas d’action pour les revendre 3 jours plus tard une fois que le cours a monté, mais pour s’engager, pour véritablement prendre les rênes de l’entreprise. Je ne dis pas que cela supprimera la spéculation, bien sûr; mais on peut espérer que les actionnaires vont se sentir plus concernés par la [bonne] conduite de l’entreprise. Dans le même ordre d’idée, ne pas voter reviendrait à être complice d’une éventuelle mauvaise gestion. Je crois que l’on va vraiment vers une responsabilisation des actionnaires.

Enfin, on a souligné le fait que les caisses de pension doivent voter dans l’intérêt de leurs assurés. Quel est cet intérêt? Il y a bien sûr l’obligation fiduciaire, qui signifie que les managers de fonds de pension doivent être guidés par un objectif ultime: payer les pensions! Les compagnies qui n’ont pas de bonnes performances ne servent à rien aux caisses de pension. Dès lors, des rémunérations abusives pour les dirigeants sont-elles en ligne avec cette obligation fiduciaire? On peut imaginer que non, mais on retombe encore sur le problème de la définition d’abusives. Il faut avoir conscience que ce vote peut aussi être « mauvais ». Que faire quand l’intérêt des assurés va contre l’intérêt de l’entreprise, pour autant que cette situation soit envisageable?

Tout cela montre que ces questions sont loin d’être évidentes. Je vais encore publier un 3e article sur le sujet, donnant un exemple de pratique similaire, ce qui donnera peut-être un aspect plus concret à ce sujet!

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