A une époque où des millions de personnes connaissent des problèmes liés à la malnutrition, est-ce vraiment si scandaleux que de se faire servir du cheval à la place de bœuf?
Aborder la récente « Affaire Findus » sous cet angle est selon moi une bonne façon de se poser les bonnes questions. Au fond, est-ce si grave? Viande rouge hachée ou viande rouge hachée, quel est le problème?
Problème, il y a. Quatre problèmes pour être précis.
- Dégoût culturel pour la viande de cheval. Dans plusieurs pays, dont la Grande-Bretagne, consommer de la viande de cheval est un tabou. Le cheval occupe une place proche de celle du chien: c’est un ami, il est associé aux loisirs. Ce n’est pas de la nourriture. Dès lors, tromper les gens en leur servant de la viande de cheval en la faisant passer pour de la viande de bœuf touche non pas à leurs simples préférences gastronomiques, mais à leurs valeurs, à leurs émotions.
- Transparence et traçabilité. De nombreux journalistes ont insisté sur le « parcours » de cette viande: de la Roumanie à la France, en passant par Chypre et le Luxembourg. A l’heure où l’on parle de plus en plus de proximité, ce voyage en a étonné plus d’un. Alors que l’on arrive à un niveau de transparence élevé pour de nombreux produits – je pense par exemple aux habits – il y a dans cet affaire un aspect « so 1990’s » qui dérange considérablement. Et le spectre de la vache folle n’est jamais loin.
- Contrôle des fournisseurs. On les croyait disparus, mais il s’est tout de même trouvé quelqu’un pour déclarer «Nous ne sommes pas responsables de la fraude d’un de nos fournisseurs», en l’occurrence le président de l’Association des industries agro-alimentaires (Ania). Vous croyez vraiment que vos fournisseurs sont une entité séparée de vous et qu’ils opèrent selon des standards différents? En fait, vos fournisseurs travaillent pour vous; leur gagne-pain dépend de leur capacité à répondre à des conditions que vous leur imposez. C’est donc votre problème.
- Appât du gain. Au final, pourquoi s’est on retrouvé avec cette viande de cheval dans nos assiettes? Tout simplement parce que certaines personnes ont voulu frauder. Frauder en profitant que le prix du cheval a baissé en Roumanie. Des personnes mal intentionnées ont voulu augmenter leur profit en trompant des consommateurs. Arnaque, tromperie sur la marchandise, fraude, les termes sont nombreux…
Alors oui, cette viande était mangeable. J’aurais d’ailleurs aimé trouver, dans les FAQs proposées par Findus, une information sur le sort réservé à ces préparations? Cette nourriture, propre à la consommation, a-t-elle été détruite? L’a-t-on destinée à des œuvres de charité?
Mais cette affaire illustre de nombreux manquements à la responsabilité sociale et à l’éthique. Il faut rester vigilants, car rien ne nous dit que cela ne se reproduira pas.
Commentaire très pertinent quand on sait que près d’un milliard de personnes souffrent de la faim. Quand je lis le parcours de cette viande, je ne regrette pas d’être végétarien…
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Effectivement Yvan, Tout cela n’incite pas beaucoup à manger de la viande! Espérons que ce genre d’affaire donne aux gens l’envie de repenser leur façon de consommer de la viande. Si ce n’est pas pour la supprimer, au moins la réduire et y prêter plus d’attention.
Et dire que cela arrive quelques jours après le Colloque RSE et Agroalimentaire au CESE place Iéna à Paris et l’intervention de Jean René Buisson à la table ronde : RSE quels enjeux pour la filière ?
Ils ont dû en reparler avec Guillaume Garot Ministre délégué chargé de l’agroalimentaire lors de la cellule de crise au ministère……
Intéressante mise en perspective, Marc! C’est vraiment dommage, car cela donne une fois de plus l’impression que le mot d’ordre en RSE est « faites ce que je dis, et surtout pas ce que je fais ».