Life Cycle Perspective Business Game

PCV

Source: Quantis International

Suite à la publication de mon dernier article consacré aux jeux et à la RSE, j’ai été contacté par Samuel Vionnet, fidèle lecteur, qui a lui même recours à un jeu dans le cadre de son travail chez Quantis International. Il m’a fourni quelques informations, et comme j’ai trouvé cela passionnant, j’ai décidé d’écrire un article à ce sujet!

Si vous connaissez Quantis, vous savez qu’ils ont fait leur réputation autour de l’analyse de cycle de vie (ACV) – Life Cycle Assessment. Une méthode visant à fournir une image quantitative et scientifique de l’impact environnemental d’un produit ou d’une entreprise. Le jeu que m’a présenté Samuel, Life Cycle Perspective Business Game, porte précisément sur ce thème. Ce jeu permet de travailler sur la perception du cycle de vie.Le jeu peut être joué dans sa version générique, tout comme il peut être personnalisé en fonction de l’entreprise.

Pour ce faire, on organise un workshop au sein d’une entreprise, avec différents stakeholders: dirigeants, marketing, opérationnel, mais aussi les clients de l’entreprise. Les participants construisent ensemble une représentation du cycle de vie de la compagnie et mettent en avant des problèmes, en se basant sur leur perception.

Source: Quantis International

Source: Quantis International

Sur cette base, on utilise les différences entre perception et réalité pour créer une stratégie de communication ou de marketing. Cela permet en effet de créer une vision commune du cycle de vie, mais aussi de communiquer de manière plus adéquate sur le cycle de vie.

Très intéressants également, les feedbacks obtenus:

  • Les joueurs ont tendance à sur-estimer les impacts environnementaux du packaging et du transport;
  • De même, les joueurs ont tendance à sous-estimer les impacts de l’agriculture et de la fin de vie;
  • Les joueurs externes à l’entreprise simplifient à outrance la chaîne de valeur et reportent la responsabilité sur la compagnie (et non sur les fournisseurs).

Il est aussi intéressant de noter que d’un jeu qui se focalise sur la thématique très précise de l’analyse de cycle de vie, on touche à l’aspect plus large de la RSE: il y a une part très importante de dialogue avec les stakeholders, de la communication, etc. Le jeu permet ainsi de susciter des débats dépassant le simple cadre de l’ACV.

Une preuve de plus que le « serious gaming » a un bel avenir, tout particulièrement dans le domaine du développement durable et de la RSE.

Pour plus d’informations, vous pouvez lire ici un interview de Ganael Bascoul, designer du jeu. Vous pouvez aussi laisser vos questions dans les commentaires, les gens de Quantis ne sont pas loin!

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La Suisse vers une économie verte?

Fidèle lecteur de ce blog, Patrice m’a suggéré de faire un article sur l’initiative des Verts suisses pour le « verdissement » de l’économie de mon beau pays. Il s’agit d’une modification de la Constitution.

L’initiative vise notamment à ce que – d’ici 2050 – l’empreinte écologique de la Suisse soit réduite de manière à ce qu’elle ne dépasse pas, extrapolée à l’échelle mondiale, un équivalent planète.

Le texte nous dit que la Confédération, les cantons et les communes doivent s’engager à mettre en place une « économie durable et fondée sur une gestion efficiente des ressources. » De plus, on insiste sur la nécessité de fermer le cycle de vie des matériaux.

Quid des entreprises dans tout cela? Le texte laisse transparaître que de nombreuses incitations – principalement positives, mais aussi négatives – pourront être mises en oeuvre pour les pousser à innover dans ce sens.

Si l’initiative devait passer, nous pourrions assister à une véritable course pour les entreprises helvétiques, qui chercheront à proposer des biens et des services tous plus « verts » les uns que les autres, afin de bénéficier de ces incitations fiscales. Je crois que ces incitations auront un vrai rôle-clé à jouer. J’espère sincèrement que l’initiative passera, mais j’espère encore plus que l’on aura le courage de mettre en place de vraies incitations – qu’elles soient positives ou négatives – afin de se donner les moyens d’atteindre cet objectif d’ici à 2050.

Affaire à suivre, donc.

Une voiture, 127 arbres

J’ai récemment aperçu – sur un tram à Genève – une publicité disant ceci:

« Une voiture, un arbre »

Renseignement pris (par exemple ici), il s’agit d’un garage automobile qui s’engage à planter un arbre pour chaque voiture vendue.

Ce n’est bien sûr pas la première fois que j’ai pu voir ce genre de mesure: planter un arbre pour compenser l’achat d’une voiture, d’un billet d’avion, etc. Du coup, je me suis demandé quelle était la quantité de CO2 absorbée par un arbre par an. A en croire nos annonceurs, un arbre devrait absorber autant de CO2 au cours de sa vie que n’en produit une voiture, ou un trajet en avion…

On peut trouver diverses informations sur internet. Il semblerait qu’un arbre ait une durée de vie moyenne de 80 ans (cela dépend beaucoup des essences, mais tenons-nous en à une moyenne). Ensuite, j’ai trouvé des chiffres allant de 2 à 10kgs de CO2 absorbés par an et par arbre (sans pouvoir savoir si cela prend en considération le CO2 rejeté par ce même arbre). On arriverait donc à un résultat allant de 160 à 800kgs de CO2 absorbés par un arbre au cours de sa vie.

Comparé à cela, ma voiture produit 109g de CO2 au kilomètre. Je fais environ 1’000km par an, ce qui – en simplifiant – nous amène à plus ou moins 100kgs de CO2 produit par ma voiture, par an. En admettant que je change de voiture après 8 ans – ce que je ne compte pas faire – il resterait encore 72 ans de « travail » à mon arbre pour absorber ce que j’ai produit. Et encore, je ne prends en compte qu’une partie du cycle de vie de mon véhicule, ainsi que les estimations les plus avantageuses.

Encore une initiative à ranger dans la rubrique « C’est mieux que rien mais il ne faudrait pas exagérer quand même… » Il est regrettable de se dire que les consommateurs ne soient pas mieux renseignés quant à la véritable portée de ce genre de mesure.