J’ai récemment aperçu – sur un tram à Genève – une publicité disant ceci:
« Une voiture, un arbre »
Renseignement pris (par exemple ici), il s’agit d’un garage automobile qui s’engage à planter un arbre pour chaque voiture vendue.
Ce n’est bien sûr pas la première fois que j’ai pu voir ce genre de mesure: planter un arbre pour compenser l’achat d’une voiture, d’un billet d’avion, etc. Du coup, je me suis demandé quelle était la quantité de CO2 absorbée par un arbre par an. A en croire nos annonceurs, un arbre devrait absorber autant de CO2 au cours de sa vie que n’en produit une voiture, ou un trajet en avion…
On peut trouver diverses informations sur internet. Il semblerait qu’un arbre ait une durée de vie moyenne de 80 ans (cela dépend beaucoup des essences, mais tenons-nous en à une moyenne). Ensuite, j’ai trouvé des chiffres allant de 2 à 10kgs de CO2 absorbés par an et par arbre (sans pouvoir savoir si cela prend en considération le CO2 rejeté par ce même arbre). On arriverait donc à un résultat allant de 160 à 800kgs de CO2 absorbés par un arbre au cours de sa vie.
Comparé à cela, ma voiture produit 109g de CO2 au kilomètre. Je fais environ 1’000km par an, ce qui – en simplifiant – nous amène à plus ou moins 100kgs de CO2 produit par ma voiture, par an. En admettant que je change de voiture après 8 ans – ce que je ne compte pas faire – il resterait encore 72 ans de « travail » à mon arbre pour absorber ce que j’ai produit. Et encore, je ne prends en compte qu’une partie du cycle de vie de mon véhicule, ainsi que les estimations les plus avantageuses.
Encore une initiative à ranger dans la rubrique « C’est mieux que rien mais il ne faudrait pas exagérer quand même… » Il est regrettable de se dire que les consommateurs ne soient pas mieux renseignés quant à la véritable portée de ce genre de mesure.
C’est sur!
Aperçu également dans la rue et qui m’a scandalisée récemment: une publicité roulante! Des entreprises paient des voitures/camionettes qui transportent sur leurs dos uniquement un ENORME panneau publicitaire ventant les mérites de tels ou tels produits. Je trouve ça scandaleux qu’à notre époque de crise écologique certaines entreprises payent pour 1/réinciter à une consommation de masse souvent inutile 2/ et en consommant encore plus de CO2.
Ces entreprises et annonceurs n’ont décidément rien compris.
Effectivement ces offres fleurissent … et on est souvent en plein greenwashing ! Tous les dispositifs de compensation ne se valent pas; et puis la compensation carbone ne devrait être utilisée qu’en dernier recours ! L’Ademe a produit un guide intéressant sur le sujet sur lequel nous avons écrit quelques lignes sur notre blog : http://blue-quest.fr/blog/compensation-carbone-demarches-et-limites/
Marion: effectivement, c’est le comble! On a souvent l’impression que les choses avancent petit à petit, puis on voit ce genre de choses…Mais je garde espoir!
Fanny: oui, ce devrait être une mesure de dernier recours. Eviter, réduire, compenser; voila « l’ordre » dans lequel il convient de penser. A partir de là, on peut comprendre qu’un garage ne va pas chercher à éviter (je les vois mal faire de la publicité du type « N’achetez pas de voiture »…), mais il pourrait plutôt essayer de réduire, en mettant en avant des modèles moins polluants et en proposant des explications claires sur les différentes alternatives.
Merci pour le lien, c’est très intéressant!
Il me semble qu’à la base, un garage est plutôt sensé entretenir les véhicules que de les vendres.
Lorsque l’on connait la quantité d’énergie grise contenue dans un véhicule, nous pouvons réfléchir à 2 fois (au moins) avant d’opter pour un nouveau, qui nous permet de « gagner » quelques grammes de CO2 au km et encore!
Prenons simplement l’exemple de la Golf, dont la consommation n’a pratiquement pas baissé en 30 ans, nouveaux équipements obligent… par contre l’énergie grise a drastiquement augmenté, toujours en raison des nouveaux équipements!
Effectivement Steve, c’est un point important. Je ne doute pas que de nombreux conducteurs ont changé de voiture lorsque les premières hybrides sont sorties, alors qu’il aurait sans doute été plus écologique de garder la leur encore quelques années!
Votre intervention soulève la question de la réparation, une notion – je trouve – de moins en moins présente dans notre société: on rachète du neuf plutôt que de réparer. On change d’ordinateur quand la batterie ne fonctionne plus, etc. Je suis sûr que certaines entreprises auraient intérêt à exploiter ce filon!
J’ai peu de mérite à souligner la problématique. En effet, Lucien Willemin offre son temps en proposant des conférences gratuites sur la question. Les soirées qu’ils proposent sont passionnantes.
Quant au filon, « la bonne combine » offre déjà le service de réparation (à Lausanne je crois).
En fait le problème est que la réparation est souvent présentée comme étant trop chère. En effet, le vendeur préfère vendre qu’offrir de réparer, d’où des prix de réparation trop souvent surfaits. Et le système mis en place permet d’augmenter le PIB…
C’est justement à ça que je pensais en parlant d’exploiter le filon: pourquoi une entreprise (ordinateurs, voiture ou que sais-je) ne proposerait-elle pas des prix abordables pour la réparation? Au même titre que Kia se démarque en offrant 7 ans de garantie sur ses véhicules, on pourrait imaginer Dell proposer des réparations ou des échanges de batteries.
Je parle sans connaître les chiffres et donc les réelles possibilités de mettre sur place ce genre de mesure, mais pourquoi pas? Et comme les entreprises préféreraient ne pas avoir à réparer, elles pourraient être incitées à proposer des produits de meilleure qualité.
C’est un peu utopique, je l’avoue! Mais sait-on jamais…
A l’heure de l’obsolescence programmée (en général, mais en particulier en électronique), l’exploitation d’un tel filon relève du défit! En même temps, avec une bonne communication, l’entreprise qui prendrait le pari de la fiabilité et de la réparation se démarquerait résolument.
Je suis novice, mais il me semble qu’un tel changement de paradigme implique une communication entre les différents départements d’une marque, un lien entre marketing et technique… Que de chemin à parcourir!
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