Seb et réparabilité: bon sens ou responsabilité sociale?

« Seb va réparer tous ses produits », peut-on lire dans la presse récemment. « C’est bien », répondront les plus malins d’entre nous.

La nouvelle a été plutôt bien reçue. On salue même cet engagement qui risquerait de faire baisser les chiffres de Seb: on répare plutôt que de racheter un nouvel appareil, ça coûte forcément moins cher, et donc ça rapporte moins à Seb. On passera sur les raccourcis d’un tel raisonnement (si mon appareil rend l’âme rapidement, je ne vais pas forcément le racheter chez Seb, bien au contraire), pour se concentrer sur ce qu’une telle décision implique en termes de responsabilité sociale.

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Est-ce vraiment de l’ordre de la responsabilité sociale – de Seb en l’occurrence – que de fabriquer des produits que l’on peut réparer?

Sur le site de la Commission européenne, on peut lire qu' »une entreprise est considérée comme socialement responsable lorsqu’elle se donne, dans le cadre de ses activités quotidiennes, des objectifs sociaux et environnementaux plus ambitieux que ceux prévus par la loi. » (d’autres définitions de la RSE ici). Si l’on retient cette idée que la RSE se définit par le fait d’aller plus loin que la loi, par rapport aux dimensions sociale et environnementale, et si l’on part du principe que la « réparabilité » d’un produit tombe dans la dimension environnementale, on peut alors se demander si cette mesure de Seb relève de sa responsabilité sociale.

On sait qu’en France, depuis environ un an, l’obsolescence programmée est considérée comme un délit. Donc, pour ne pas être hors la loi, pas d’obsolescence programmée, tout simplement. Faire en sorte que des produits soient facilement réparables pourrait donc être considéré comme « aller plus loin que la loi ».

J’ai conscience de faire ici beaucoup de raccourci, et que le raisonnement qui m’amène à dire que l’augmentation de la réparabilité relève de la responsabilité sociale peut être discuté (j’en serais d’ailleurs ravi!). Mais pour l’heure, admettons.

Il n’en reste pas moins que je ne peux m’empêcher de me dire que faire en sorte que ces produits soient réparables, c’est la moindre des choses. Ou plutôt que c’est du bon sens, tout simplement. On lit dans l’article cité plus haut que cet aspect est « une démarche d’autrefois totalement oubliée à l’ère de la surconsommation », je crois que cela résume bien la situation. Et que le mot « surconsommation » rappelle que la responsabilité n’incombe pas qu’à Seb, mais aussi aux consommateurs.

Qui peut en effet dire si les individus vont effectivement réparer leurs appareils, plutôt que d’en racheter? En cas de succès de cette initiative, le crédit serait-il à mettre au compte de l’entreprise ou des consommateurs?

L’initiative est louable, c’est une certitude, il en faudrait davantage du même genre. Mais il serait trop simple de s’arrêter là, de dire bravo, merci, et au revoir. J’attends pour ma part avec impatience de connaître l’évaluation de cette mesure, dans un an.

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