En début de semaine passée, on pouvait lire dans Le Temps un article intitulé « La Suisse classée parmi les «leaders» de la durabilité des entreprises« . Je me suis bien sûr empressé de le lire, ne serait-ce que pour entretenir ma fierté patriotique, mais aussi parce que j’étais curieux de savoir en quoi nous sommes leaders dans ce domaine.
L’article est basé sur un rapport de RobecoSAM, qui, en effet, loue de nombreuses entreprises basées en Suisse: Swiss Re, SGS, UBS. Mais on apprend assez rapidement que le rapport ne distribue pas de mauvais points puisqu’il ne mentionne que les 15% d’entreprises démontrant les meilleures performances en matière d’investissements durables.
Notre politique a toujours été de souligner les bonnes pratiques plutôt que de dénoncer des brebis galeuses. Dans une logique d’investissement, c’est également plus logique. explique Christopher Greenwald, chef de la recherche en investissement durable chez RobecoSAM.
Donc, on veut nous expliquer que la Suisse est leader en matière de durabilité d’entreprise, en se basant sur un rapport qui n’aborde pas les aspects négatifs…On l’a encore vu récemment avec l’enquête Dirty Diesel de Public Eye, la Suisse abrite pourtant son lot de « corporate criminals ».
Cela m’amène à plusieurs question sur la façon d’évaluer, d’apprécier la responsabilité sociale. Doit-on se concentrer sur les bonnes pratiques, en omettant ce qui est mal juste à côté? Peut-on féliciter une entreprise pour la façon dont elle traite ses employés, pendant que dans le même temps elle pollue la rivière derrière l’usine? Doit-on au contraire mettre en avant les entreprises faisant le moins de mal, à défaut de faire beaucoup de bien? La responsabilité sociale consiste-t-elle à ne pas faire de « mal non-nécessaire », comme l’a dit Patagonia? Ou au contraire faire le plus de bien possible?
Je n’ai bien sûr pas la réponse à tout cela, mais à mon sens, il faudrait commencer par un « socle » qui consisterait à ne pas faire de mal. Puis à tendre vers des pratiques bénéfiques pour la société et la planète. Cela rejoint peut-être les idées de « carbon neutral » et « carbon positive », même si je n’aime pas ces termes.
Et vous, qu’en pensez-vous?
BONjour Julien, cela fait plaisir de vous relire, qui plus est avec un titre aussi accrocheur.
Au delà de la problématique relevée dans votre article, je m’interroge en voyant apparaître UBS parmi les entreprises durables… Lorsque l’on sait à quel point nos grandes banques sont récalcitrantes à désinvestir les énergies fossiles! cf http://www.monargentzerofossile.ch
Plaisir partagé et réciproque, Pi! En écrivant cet article, qui porte finalement plus sur un questionnement général, je me suis également posé la question de savoir quelle méthodologie amène à mettre bon nombre de ces entreprises en avant. Il y a aussi Roche et Novartis qui figurent en bonne place, et qui sont pourtant loin d’être irréprochables.
Il faut avoir conscience que RobecoSAM est dans une « logique d’investissement », ce qui doit assurément « pondérer » un certain nombre de facteurs que nous (personnes sensibles à ces questions de RSE) percevons comme incontournables. Mais il est regrettable que le message passé dans Le Temps, et donc auprès du grand public, soit au final que ces entreprises sont au top de ce qui se fait en matière de responsabilité et durabilité.
Interroger ces évaluations mériterait sans aucun doute toute une série d’articles. Que je ne peux garantir avoir le temps d’écrire, mais je peux promettre d’essayer!