Il y a peu, sont sorties les nouvelles lignes directrices de la Global Reporting Initiative: G4. Très attendues par les professionnels du domaine, ces nouvelles lignes directrices proposent passablement de nouvelles choses. Pour un premier article sur le sujet, j’aimerais m’attarder sur deux points:
Premièrement, l’importance (encore) accrue du concept de « materiality ». Ce concept est difficilement traduisible en français: matérialité, pertinence…je ne sais quel équivalent lui trouver en français, mais on comprendra le sens général. Il s’agit d’identifier ce qui compte vraiment pour l’entreprise ou l’organisation publiant son rapport. Il n’est donc pas question qu’une entreprise parle de tout ce qui se trouve dans la GRI, mais uniquement de ce qu’elle considère comme pertinent pour évaluer sa performance en matière de développement durable. De ce principe de materiality, doit découler une liste des « aspects » jugés importants. Ces aspects sont relativement proches de ceux qui existaient déjà auparavant, même si la liste en a été quelque peu modifiée. Pour la catégorie « environnemental », on trouve, par exemple, les aspects suivants: énergie, eau, biodiversité, conformité, transport, etc. Une entreprise désireuse de publier un rapport G4 devra donc choisir lesquels de ces aspects sont « material » par rapport à sa performance en matière de développement durable.
L’autre point sur lequel je souhaiterais m’attarder est le fait que l’entreprise a désormais le choix entre deux options. Terminés les niveaux A, B, C, + ou non. Il s’agit maintenant de choisir entre l’option « Core » et l’option « Comprehensive ». L’option Core contient les éléments essentiels d’un rapport RSE. L’option Comprehensive demandera plus d’information. Je reviendrai dans un autre article sur les différences spécifiques, mais ce qui a attiré mon attention en premier lieu est la façon de traiter les indicateurs. Dans les deux cas, les indicateurs à traiter ne sont que ceux portant sur les aspects identifiés comme « material ». Ensuite, si vous vous en tenez à l’option Core, vous n’aurez qu’à renseigner un indicateur par aspect. Alors que pour l’option Comprehensive, vous devrez renseigner tous les indicateurs de l’aspect.
La plupart de mes confrères s’étant exprimés sur le sujet sont partagés. Et je dois dire que je partage ce point de vue. On nous vend le principe de materiality comme s’il s’agissait d’une nouveauté. Mais dans les fait, cette exigence de fournir des informations pertinentes a toujours été présente, et n’a jamais empêché qui que ce soit de nous servir le « bullshit » habituel. De plus, la distinction entre Core et Comprehensive, si elle est un mieux par rapport aux anciens niveaux, laissera penser les « profanes » qu’un rapport « Comprehensive » est mieux qu’un « Core », et qu’il est toujours mieux de renseigner un maximum d’indicateurs même si 75% d’entre eux n’ont aucun sens.
D’un autre côté, je trouve que le fait de réellement pouvoir choisir les aspects sur lesquels l’on veut communiquer nous envoie dans la bonne direction. Le problème des rapports RSE est encore et toujours d’être lus. Cette plus grande liberté laissée aux entreprises sur ce qu’elles considèrent comme pertinent rendra peut-être les rapports plus accessibles, plus intéressants.
Je crois qu’il faut laisser à ces nouvelles lignes directrices la présomption d’innocence. Nous pourrons vraiment l’évaluer lorsque sortiront les premiers rapports. A suivre!
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