Business case pour les normes de travail

Lors de l’achat de biens et services, vous n’achetez pas seulement des services, vous achetez dans une certaine mesure un élément de votre réputation – Darren Ford

Les questions de chaîne d’approvisionnement ont été mises sur l’ordre du jour de nombreuses entreprises, ONG et organisations internationales au cours des dernières années. De Nike dans les années 1990 à Zara au Brésil il y a quelques mois, il y a d’innombrables exemples de scandales. La plupart d’entre eux étaient liés à la non-conformité avec ce que l’Organisation Internationale du Travail a identifié comme les normes fondamentales du travail: la liberté d’association et le droit à la négociation collective, l’élimination de toutes les formes de travail forcé ou obligatoire, l’abolition effective du travail des enfants et, l’élimination de la discrimination en matière d’emploi et de profession. Beaucoup d’organisations et d’entreprises ont travaillé – parfois ensemble – sur les solutions pour la mise en œuvre de normes du travail dans la chaîne d’approvisionnement. Jusqu’à présent, des progrès ont été réalisés, mais il y a encore de la place pour des améliorations.

Une des questions principales reste de savoir s’il y a une incitation à résoudre ce problème, du moins du point de vue des entreprises, les acheteurs. Nous pouvons tous convenir que ces entreprises doivent prendre des mesures lorsque ce genre de problème se pose. Mais sont-elles incitées à gérer de façon proactive ces questions?

En d’autres termes, y a-t-il un business case pour les normes du travail?

Il est connu que les normes du travail dans les chaînes d’approvisionnement présentent une variété de risques pour les organisations acheteuses de ces chaînes d’approvisionnement. Selon la British Medical Association, il y a trois principaux risques liés aux questions de normes du travail:

  1. Menace pour la sécurité d’approvisionnement.
  2. Une publicité négative et les dommages à la réputation de l’organisation liée à une incapacité de répondre de manière adéquate aux valeurs des parties prenantes clés, leurs principes et leurs attentes.
  3. Diminution de la qualité des biens et services.

Par conséquent, les acheteurs sont confrontés à des risques tels que la perte de leur approvisionnement, le déclenchement de réactions négatives de leurs clients ou recevoir des produits de mauvaise qualité.
Il y a un besoin évident de réduire l’exposition des entreprises à de telles menaces. En outre, ces menaces, si elles sont gérées de façon appropriée, pourrait devenir des opportunités. En effet, au lieu de perdre son approvisionnement, une entreprise pourrait renforcer sa relation d’affaires en promouvant les normes auprès de ses fournisseurs. Ou améliorer sa réputation auprès des consommateurs et améliorer la qualité des produits qu’elle achète.
En gérant efficacement la question des normes de travail, une entreprise pourrait non seulement réduire son exposition aux risques, mais aussi tirer profit de bonnes pratiques dans ce domaine.

Dans sa brochure « Beyond Auditing: Tapping the full potential of labour standards promotion », le Dutch Sustainable Trade Initiative identifie plusieurs facteurs qui peuvent contribuer à la création d’actifs tangibles et intangibles:

  1. Gestion des risques de réputation et juridique: en prenant une approche active de la gestion des droits du travail, les entreprises peuvent affirmer leurs valeurs et influencer positivement leur réputation.
  2. Rendement du capital humain: les organisations de premier plan ont reconnu que de nombreuses violations des normes du travail sont le résultat de la gestion inadéquate des ressources humaines, et elles ont pris les devants dans la promotion de processus de gestion améliorées chez leurs fournisseurs.
  3. Sécurité de l’approvisionnement: linvestir dans des conditions de travail des fournisseurs est de plus en plus associé à une productivité plus élevée, d’autant plus que les usines nécessitent des compétences plus élevées. Les mauvaises conditions peuvent alimenter l’insatisfaction des employés, augmentant le risque d’arrêts de travail ou de taux de réduction de la force de travail plus élevés.
  4. Efficacité opérationnelle: s’attaquer aux normes de travail dans la chaîne d’approvisionnement en partenariat avec les fournisseurs peut – directement et indirectement – contribuer à établir des moyens plus efficaces de faire des affaires, grâce à une meilleure compréhension de la chaîne d’approvisionnement, des relations plus étroites avec les fournisseurs, à augmenter la confiance mutuelle, et à diminuer les perturbations dans la chaîne d’approvisionnement.
  5. Accès aux marchés: les fournisseurs et les marques qui peuvent démontrer leur conformité bénéficieront d’un accès accru aux marchés, car il existe une demande croissante pour des produits durables, équitables et éthiques.
  6. Accès au capital: les investisseurs sont de plus en plus à la recherche d’assurance que les risques liés au droit du travail sont gérés de manière appropriée. Les approches d’investissement responsable qui incluent le respect des normes du travail sont de plus en intégrées par les investisseurs institutionnels.

Cela confirme ce qui a été dit ci-dessus: ce qui a été présenté auparavant comme des risques peut être «transformé» en opportunités commerciales. Il est dans l’intérêt des acheteurs d’aborder de manière proactive les questions liées aux normes du travail, car ils pourraient profiter de cette situation.

Afin de passer de la menace à l’opportunité, il est essentiel que l’entreprise passe d’une approche réactive à une attitude proactive. Elle doit reconnaître que des problèmes peuvent surgir et prendre des mesures pour en atténuer les effets ou, mieux encore: pour les éviter.

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