J’ai eu le plaisir d’assister aujourd’hui à une conférence sur la création de valeur partagée, par Pascal Hottinger, CEO de Nespresso Suisse.
Une conférence intéressante à vrai dire. Je ne vais pas faire ici un résumé du concept de CSV, que les lecteurs connaissent sans doute. On pourra se référer par exemple à cet article écrit par Porter et Kramer, qui sont à l’origine de ce concept. J’aimerais plutôt insister sur deux points intéressants qui sont ressortis au cours de cette conférence.
- Même si cela n’a rien de nouveau, j’ai trouvé intéressant le fait que M. Hottinger insiste sur la nécessité d’éduquer et de former les agriculteurs avec lesquels ils travaillent. Pour leur apprendre des pratiques d’agriculture durable certes, mais aussi pour leur inculquer quelques notions de comptabilité, voire simplement leur apprendre à compter. Cela peut paraître une évidence en 2011, mais il est important de souligner la nécessité d’avoir une vision globale des problèmes auxquels on se confronte dans le domaine de la responsabilité sociale. Egalement d’une importance centrale, le besoin de travailler en collaboration avec d’autres organismes, notamment la Rain Forest Alliance. Ces organisations ont le réseau et le know-how que bien des entreprises n’ont pas, et ce type de partenariat s’impose comme inévitable. Pascal Hottinger a d’ailleurs insisté sur le fait que le plus gros challenge auquel il doit faire face est celui de trouver toujours plus de partenaires. Et pour cela il a besoin de l’aide des ONG et des gouvernements.
- Ne nous faisons toutefois pas d’illusions, il est clair que pour Pascal Hottinger ce n’est pas le label AAA ou quelque aspect lié au développement durable qui attire les clients. Mais bien plutôt la qualité du café. Et j’ai envie de dire que c’est tant mieux, car le core business de Nespresso est de vendre du café – du bon café si possible – et pas de sauver le monde. Il paraît donc normal que la qualité du café proposé soit l’argument principal. Toutefois, on nous a assuré que Nespresso allait de plus en plus mettre en avant l’aspect social et environnemental de son café.
- J’avais dit « deux points intéressants », mais je me permets d’inclure un petit bonus, pour rappeler que tout le monde ne perçoit pas le café Nespresso comme durable ou responsable. A lire notamment les liens proposés sur cet article de Rue89, y compris ceux liés à la gestion « hasardeuse » de ce cas dans les médias sociaux…
Une conférence intéressante donc, même si comme je l’ai dit, elle n’apportait rien de très nouveau. Tout comme le concept de Shared Value, qui commence même à vieillir. Je vous recommande l’excellent article du non moins excellent Marc Gunther à ce propos.
Et le sujet couvert par la RSR:
http://www.rsr.ch/#/info/les-titres/suisse/3392081-parodie-video-de-nespresso-600-000-vues.html
Merci Marc pour ce complément intéressant!
J’ai trouvé quelque peu évasif sa réponse à ma question sur les rôles et qualification de son management responsable… moins bien préparé sur l’engemgement responsable du management que sur le marketing brut.. comment créer de la valeur avec l’implication de ses collaborateurs.. Enfin du trade-off des valeurs sociales pour l’économique..ou peut-être de la qualité..du café!:-)
D’accord avec vous Jonathan. Si mes souvenirs sont bons, la réponse se résumait à « tout est de la valeur partagée ». Si je suis d’accord avec le fait que la RSE doit faire partie de la culture d’entreprise, et de ce fait être présente « partout », je crois aussi qu’il est important de l’identifier clairement et d’instaurer des pratiques de management autour de ça. Et ce notamment comme vous le dites, avec l’implication des collaborateurs.