Ce mardi, j’ai eu le plaisir d’assister à une conférence sur ISO 26000, la norme sur la responsabilité sociale, à l’Institut de Hautes Etudes Internationales et du Développement, à Genève. Elle a été donnée par Rob Steele, secrétaire général d’ISO.
Conférence intéressante s’il en est. Je ne vais pas présenter ici la norme, ceux qui ne la connaissent pas peuvent se renseigner ici. J’aimerais simplement présenter 3 points qui ont été abordés dans la conférence en elle-même ou par des questions.
Le premier point est celui l’internationalisation de cette norme. Elle a été en effet créée par 450 experts et votée par 99 pays. Comment les différences culturelles ont-elles été prises en compte? M. Steele nous a expliqué qu’il n’a pas été chose aisée de prendre en compte tous les différents points de vue. Les représentants de certains pays arabes ont par exemple demandé à ce que soit supprimée toute référence à la nécessité de non-discrimination sur la base de l’orientation sexuelle. A savoir encore que la norme est le fruit d’un consensus, qui impliquait non pas l’unanimité, mais une majorité de votes favorables. Elle a été acceptée par 93% des votants.
Une question a bien sûr été posée sur l’aspect de la certification. Vous le savez sans doute, la norme ISO 26000 est non-contraignante. Une organisation ne peut donc pas être certifiée ISO 26000. C’est un « devrait » plutôt qu’un « doit », nous a dit M. Steele. Comment dès lors montrer – de manière convaincante – que l’on a implémenté cette norme, s’il ne peut y avoir de certification par tierce partie? Rob Steele s’en remet aux bonnes intentions des organisations, tout en spécifiant que son expérience lui a montré que les normes non-contraignantes tendent rapidement à évoluer vers du certifiable.
Enfin, on a posé la question à M. Steele de savoir en quoi la norme ISO 26000 était différente d’un très bon livre sur la responsabilité sociale. On peut comprendre cette question puisque cette norme ne fait que suggérer de manière non-contraignante toutes sortes de bonnes pratiques. M. Steele a répondu qu’à sa connaissance, il n’existait pas de livre écrit par 450 personnes et voté par 99 pays. Il perçoit donc la plus-value de cette norme par son côté international, fruit d’une longue concertation.
J’avoue avoir un avis très mitigé sur cette norme. Principalement du fait de son aspect non-contraignant et trop consensuel. J’espère toutefois que Rob Steele ne se trompe pas lorsqu’il dit que cette norme devrait être appelée à devenir certifiable, et donc contraignante!
J’étais ce matin à une conférence sur « ISO 26000, un an après », et un monsieur qui a participé à l’élaboration de la norme était là. Des gens demandaient comment est-ce que cette norme était envisagée pour les PME, qui déjà peuvent être contraintes de faire des frais importants pour ISO 14001 et ISO 9001, si en plus elles doivent payer une certif ISO 26000 ? La question est restée sans réelle réponse. Il est vrai qu’un aspect certifiable serait plus sûr, mais alors celà pourrait devenir une contrainte financière pour les TPE/PME et devenir un critère marchand pour certains pays en voie de développement qui ne peuvent se le permettre (en tout cas, c’était la crainte de l’Inde et la Turquie apparemment, qui ont voté « non » à cette norme)
Merci Blanche pour cet apport intéressant, et bienvenue parmi les abonnéEs!
Je comprends bien cette inquiétude autour de la question du coût d’une certification ISO 26000. Et effectivement, une telle certification serait trop chère pour certaines PME/TPE, notamment dans les pays en développement.
Quelle réponse pourrait-on apporter? Il est vrai que la certification ou non se ferait sur une base volontaire, mais que deviendraient les PME ne pouvant pas avoir accès à la certification si leurs concurrentes, elles, le pouvaient?
Avec les nombreux problèmes que rencontrent les grandes multinationales avec leurs fournisseurs, on peut bien imaginer que ces très grandes entreprises auraient tendances à choisir des fournisseurs certifiés.
Le fait que les entreprises certifiées soient avantagées est en soi une bonne chose. Mais comme vous le soulignez, il ne faudrait pas que cela se fasse uniquement au désavantage des entreprises issues de pays en développement. J’avoue ne pas avoir de réponse moi non plus! Du moins pour l’instant!
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