Coaching – Leadership – Solitude

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Au cours d’une période de 9 mois, courant sur les années 2021-2022, j’ai eu le plaisir d’être engagé comme executive coach par une personne débutant un nouveau rôle de leader global pour la « sustainability » d’une entreprise internationale. Je m’excuse pour le nombre d’anglicismes contenus dans ce texte – le travail s’est fait en anglais!

Notre collaboration a porté sur 4 axes:

  • Développement de son leadership;
  • Conseils et échanges sur la stratégie “sustainability” de son entreprise;
  • Gestion de son équipe;
  • Développement de son réseau de support, interne et externe.

De manière plus générale, ma tâche a consisté à créer un espace de réflexion pour cette personne. Qu’elle puisse prendre un moment pour réfléchir – loin du rythme effréné de son travail quotidien. C’est inestimable pour quelqu’un qui est dans une position de leadership: prendre du recul, pouvoir développer une réelle vision, ce sont des aspect vitaux pour évoluer dans la bonne direction, de manière responsable.

D’autant plus vitaux lorsque l’on est dans le domaine de la responsabilité d’entreprise. Une personne travaillant dans ce domaine, dans une position de leadership, est très souvent confrontée à ce que l’on appelle la « solitude du manager RSE ». En effet, il n’est pas rare qu’elle soit la seule personne du « département », ou si elle a une équipe avec elle, les membres de celle-ci sont pour la plupart du temps sans expérience de ce qu’une directrice ou un « executive » peut rencontrer comme challenge. Engager une tierce personne, externe à l’organisation, peut s’avérer judicieux. Cette personne peut jouer le rôle d’un « sounding board » qui, par la neutralité de son regard, peut amener à trouver des solutions sans que celles-ci soient orientées selon un agenda sous-jacent.

J’ai énormément appris de cette expérience! L’aspect « coaching » est fabuleusement intéressant. Il s’agit d’être à l’écoute, et de savoir poser de bonnes questions. Ne surtout pas se sentir obligé de fournir des réponses clé en main, comme ce peut être une habitude que l’on a lorsque – c’est mon cas – l’on travaille comme consultant et que l’on attend de nous des solutions avant même que les problèmes ne soient identifiés.

Mon expertise en matière de durabilité et responsabilité d’entreprise s’est bien sûr avérée un atout. Cela permet d’identifier clairement les challenges, et donc de poser les bonnes questions. C’est à mettre en balance avec le paragraphe précédent: il faut savoir prendre le temps d’écouter, de poser des questions, sans se ruer sur ce que l’on croit savoir être la solution. C’est un très bon rappel pour l’ego!

Je réalise que je me sens très à l’aise dans les échanges en 1-1, qui permettent de vraiment approfondir les sujets, et c’est une expérience que j’espère avoir la chance de réitérer très prochainement. Si j’ai réalisé ce mandat seul, cela a aussi été l’occasion pour moi de chercher à me développer sur ce volet de Responsible Leadership, et ainsi de rejoindre Lifetree Global, ce qui me donne plus de possibilités et de leviers d’action!

Anonymous – Données – Responsabilité

Le 22 mars, le collectif de hacker Anonymous a publié 10 Go de données de l’entreprise suisse Nestlé. Il s’agit de représailles du collectif pour la poursuite des activités de l’entreprise en Russie.

Une information contestée par Nestlé. Ils ont par la suite avancé que les données avaient été « leakées » par eux-mêmes, involontairement.

Si vous aviez lu le titre de cet article en 2021, y auriez-vous compris un traître mot? Nestlé denies it was hacked by Anonymous, claiming it accidentally leaked data dump itself—but it will stop selling Russians Kit Kats and Nesquik

Il s’agit aussi d’un signal, selon lequel les entreprises vont être amenées de plus en plus souvent à rendre des comptes. Non plus auprès des seuls États, mais aussi de la société civile, qui se manifeste sous différentes formes.

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« Faites ce qui est juste ou vous en subirez les conséquences. » C’est le message qui est envoyé ici, dans le cadre de cette terrible guerre. On peut imaginer que cela se poursuive avec la responsabilité environnementale et sociale des organisations. Cela s’inscrit dans un contexte où les appels au boycott se multiplient pour les organisations encore actives en Russie.

« Désinvestissez des énergies fossiles, ou nous divulguerons vos données. », « Abandonnez vos brevets sur ces semences, sur ces vaccins, ou nous gelons votre logiciel de payroll. » pourraient être de futurs cris de ralliement.

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Cela pose un certain nombre de questions importantes. Lorsque je paraphrase le message d’Anonymous en « Faites ce qui est juste ou vous en subirez les conséquences. », qui définit « ce qui est juste »? Un collectif de hacker est-il mieux placé pour ça qu’un gouvernement, qu’un tribunal? Est-ce que le fait que cela soit apparemment pour une bonne cause légitime l’attaque de hackers sur une entreprise? Bien sûr, l’inverse est vrai: on a vu les conséquences sur la vie de tous les jours des Russes des décisions de Google et Apple de suspendre leurs services « Pay » du pays.

Et quel point de vue adopte Nestlé? Je n’ai pas encore trouvé de réponse à cette attaque précise, mais de manière générale, la position de Nestlé a été de continuer ses activités sur territoire russe, tout au moins sur les produits de première nécessité. La déclaration du CEO de l’entreprise reste très basique et peu engagée.

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Je suis en tout cas persuadé que l’on assiste là à un nouveau tournant en matière d’activisme autour des activités des entreprises. Comme je l’évoquais plus haut, il y a tout à parier que ce genre d’initiative va se multiplier et porter sur des sujets environnementaux et sociaux.

Un mouvement intéressant est de voir que Bridgestone Tires est entré en contact publiquement, toujours via Twitter, avec Anonymous. Etayant sa position sur ses activités en Russie. Là aussi, il est frappant de voir ce « stakeholder engagement » être porté sur la place publique. L’échange se fait en toute transparence – du moins c’est ce qui est montré – car on imagine forcément une communication en coulisse.

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Anniversaire – 11 – Responsabilité

Voila aujourd’hui 11 ans que ce blog existe. Cela paraît très long et très court en même temps. Très court, car cet anniversaire correspond également à celui de la catastrophe de Fukushima, qui me semble s’être produite hier.

Si le lancement de ce blog a eu lieu ce même jour, c’est un hasard. Mais en même temps un signe. Une catastrophe posant d’immenses questions de responsabilités s’est produite il y a 11 ans. La question de la responsabilité organisationnelle s’est posée ce jour-là, au-delà des responsabilités individuelles.

Elle se pose encore aujourd’hui, autour de la guerre en Ukraine. De nombreuses entreprises ont mis fin, ou tout au moins mis en pause leurs activités en Russie. Certaines se sont mobilisées pour aider la population ukrainienne ou pour diffuser des informations factuelles à celle de Russie. Mais d’autres sont complices de ce qu’il se passe. Complices d’avoir enrichi un régime autoritaire, dans le seul but de réaliser du profit. Et bien sûr, c’est tout le secteur des énergies fossiles qui a là une fois de plus l’occasion de se remettre en question.

J’ai lu à plusieurs reprises qu’après Pearl Harbor, les Etats-Unis étaient passés en trois mois d’une économie civile à une économie de guerre. Pourrons-nous nous aussi passer à une économie durable et responsable d’ici à la fin de l’année, tout en sauvant les vies ukrainiennes et russes sacrifiées au nom de la folie de quelques hommes?

Je souhaite que ce drame et le rappel de Fukushima nous poussent à effectuer ce virage que nous aurions dû effectuer il y a des dizaines d’années. Qu’au-delà de la tristesse que tout cela nous inspire, nous trouvions l’énergie pour continuer à œuvrer pour aller vers un monde plus responsable et plus juste.

Ministry for the Future – Don’t Look Up – Vision

Au cours des derniers mois, il m’a été donné de lire ou visionner deux œuvres de fictions ayant pour thème le changement climatique: The Ministry for the Future, le roman de Kim Stanley Robinson, et Don’t Look Up, disponible sur Netflix, avec Leonardo DiCaprio et Jennifer Lawrence.

J’aimerais prendre quelques lignes sur la vision que transmettent ces deux fictions.

Dans Don’t Look Up, c’est une vision réaliste et très pessimistes que l’on donne à voir au spectateur: nous sommes condamnés et quoi que nous fassions ou disions, les décideurs et la majorité de la population n’en tiendra pas compte. On sort du film lessivé par la bêtise de ses protagonistes et sans grand espoir sur notre propre avenir. Dans Ministry for the Future, la vision est réaliste elle aussi, parfois dure, mais propose une note d’optimisme inspirante. On referme le livre en se disant que ça va être difficile, qu’il faudra être drastique, mais qu’il y a un espoir.

A quelle vision voulons-nous adhérer? Bien sûr, des deux options proposées la plus attirantes est celle de Ministry for the Future. On peut y arriver, ça va être difficile et le coût sera élevé, mais ça reste possible. Mais qui va transmettre cette vision? C’est le rôle des organisations, et de leur responsabilité, que je veux interroger dans les mois à venir. Qui se doit de porter la vision que nous voulons défendre?

Dans The Myth Gap: What Happens When Evidence and Arguments Aren’t Enough, par Alex Evans, l’auteur démontre qu’il nous manque des mythes, des histoires sur la base desquelles construire nos actions. Il y a une expression qui dit : « si les faits prouvent, les histoires font bouger ». Fort de plus de vingt ans d’expérience en tant que conseiller politique dans le domaine du climat et du développement, Evans se concentre sur l’idée que ce ne sont pas les gens qui façonnent les histoires, mais plutôt nos histoires qui nous façonnent en tant que personnes. Il nous met au défi d’utiliser notre capacité à raconter des histoires collectives pour imaginer un récit dans lequel nous pourrions vivre dans les limites de l’environnement, en partageant des dialogues de rédemption, de restauration et de renouvellement, pour nous aider à trouver notre chemin en ces temps incertains.

Et si les organisations, y compris les entreprises privées, prenaient ce rôle de porteuses de vision? Cela implique d’aller encore au-delà des pratiques de responsabilité d’entreprise actuelles. Il s’agit d’aller plus loin que le reporting d’indicateurs, plus loin que de simples pratiques managériales.

Il faut raconter une histoire, être capable de dire « Le monde du futur, voici comment nous le voyons, et voici comment nous comptons rendre cela réel ».

Je vais faire en sorte d’explorer ces visions dans les prochains mois, et j’espère vous trouver nombreux et nombreuses ici pour partager nos découvertes.

Rétrospective – Perspectives – Détermination

Alors que l’année 2021 s’est achevée, chacun est amené à tirer le bilan d’une année à nouveau pas comme les autres, et à envisager les perspectives pour l’année à venir. Nous ne sommes toujours pas arrivé à ce que l’on a trop rapidement appelé la nouvelle normalité, le « new normal ». Nous sommes toujours dans une situation entre-deux. En attente de sortie de pandémie.

A vrai dire, cela ne m’a pas empêché d’avancer. C’était important pour moi d’entretenir ce sentiment d’aller de l’avant. Il a simplement fallu admettre que le chemin allait s’avérer encore plus tortueux que d’habitude! Moi qui ai l’habitude de préparer tous les trois mois une vision pour les 90 jours à venir, je me suis souvent retrouvé à mi-parcours abasourdi par la tournure des événements. Je me suis souvent senti dans la peau du Capitaine Haddock, dans ce meme bien connu où on le voit, l’air perdu, dire « What a week, heh? » et Tintin de lui répondre « Captain, it’s Wednesday »!

Faire un bilan serait trop long, mais j’aimerais souligner quelques highlights, qui ont bien résumé mon année.

À l’Institut des sciences de l’environnement, nous avons organisé, à deux reprises, une session de « Shut up and Write ! » en ligne. Cette initiative s’est avérée extrêmement utile. Non seulement elle a aidé nos collègues à se concentrer sur leur écriture, à une époque où ils sont constamment dérangés par des emails, des appels téléphoniques, des réunions, des notifications d’applications… mais elle a également contribué à créer un sentiment de communauté, d’appartenance, alors que la plupart d’entre nous travaillaient à domicile.

En lien avec cela, j’ai réalisé qu’aider les autres est le meilleur moyen de s’aider soi-même. En servant les autres, on peut renforcer l’image de soi en tant que personne indépendante, proactive et forte. Je ne peux que recommander aux personnes qui se sentent victimes de la situation de trouver un moyen, quel qu’il soit, d’aider leur prochain.

Au niveau de mes activités de consulting, j’ai été embauché pour coacher une personne qui débutait dans un nouveau rôle de leader global de la durabilité dans une entreprise internationale. Nous avons travaillé sur des questions de responsabilité sociale, de durabilité, de leadership ainsi que de management. Une expérience passionnante pour moi – et, je crois, utile pour cette personne! J’espère pouvoir obtenir de nouveaux mandats de ce genre en 2022.

Pour ce blog, j’espère pouvoir y écrire plus souvent. J’aimerais l’intégrer dans ma routine matinale, quelque part entre mon réveil à 05h30 et le début du travail à 08h30. Si l’un ou l’une d’entre vous à des conseils pour les habitudes d’écritures, je suis preneur!

Surtout, je souhaite pour 2022 que le « nous » devienne de plus en plus grand, et que notre « présent » s’étende dans le temps. Que notre sens de la communauté s’élargisse, pour inclure toujours plus de personnes dans notre cercle, et que nous prenions en compte dans ce que nous faisons maintenant une vision de plus en plus à long terme. Je souhaite que ce soit votre cas, votre sentiment. Je sais que les lecteurs et lectrices qui passent par ici réalisent un travail incroyable tout au long de l’année. Continuons sur cette voie, la seule possible, avec optimisme et détermination.