Il y a un mois environ, je lisais un « retour d’expérience » à propos d’un partenariat de 5 ans entre Kimberly-Clark (Kleenex, entre autres) et Greenpeace. Celui-ci a particulièrement attiré mon attention car il s’agissait d’un « double » retour d’expérience. En effet, j’ai pu lire deux articles: un premier présentant le bilan fait par une dirigeante de Kimberly-Clark, et le second fait par un dirigeant de Greenpeace.
Le partenariat a duré pendant 5 années, et portait sur un accord ayant trait au recours à de la fibre durable de la part de Kimberly-Clark (KC). Ce partenariat a fait suite à une campagne menée de 2004 à 2009 par Greenpeace contre KC, Kleercut. Si vous souhaitez plus de détails sur l’historique de ce partenariat, je vous laisse le soin de consulter les deux articles mentionnés ci-dessus ainsi que le site de la campagne. J’aimerais ici plutôt revenir sur les enseignements tirés par les deux « camps ».
Du côté de KC, on insiste sur le fait que le partenariat a permis de voir un problème environnemental sous un autre angle. Cela leur a permis d’avoir de nouvelles idées et, à terme, de meilleurs résultats. Dans les « lessons learned », KC mentionne le fait qu’un terrain d’entente est à portée de main: au final, les deux parties voulaient la même chose, mais il a fallu s’en rendre compte, ce qui n’était pas évident. KC nous dit aussi que la réputation des deux parties était en jeu, pas seulement celle de KC, et que les deux parties se devaient de faire valoir les intérêts de leurs parties prenantes.
Du côté de Greenpeace, le premier constat est que KC s’est tenu à ses engagements – un premier constat qui me pose problème, j’y reviendrai plus tard. Au niveau des lessons learned, on retiendra l’accent mis sur la nécessaire confiance mutuelle sans laquelle rien n’est possible. Mais aussi que la fin de ce partenariat n’est que le début de nouvelles choses, de nouvelles améliorations à apporter.
Intéressant d’avoir les deux points de vue sur ce partenariat, mais je dois dire que je suis un peu déçu du retour donné par Greenpeace: la première chose qu’ils retiennent est que KC s’en est tenu à ses engagements. Et je trouve que cela donne le ton du feedback de Greenpeace: peu d’introspection. Si KC a modifié ses pratiques suite à ce partenariat, qu’en est-il de Greenpeace? Est-ce que leur politique a changé? Leur façon d’entrer en contact avec les entreprises et de dialoguer? Je trouve le compte-rendu de Greenpeace trop tourné vers KC. Dans l’article de l’ONG, on peut lire ceci:
And years of campaigning meant that a lot of people in the company were affected. Those that experienced what it was like to be in conflict rather than in a collaborative position with Greenpeace probably don’t want to go back to that anytime soon.
Les employés de KC qui ont été en conflit avec Greenpeace n’ont pas envie de réitérer l’expérience. Soit, même si ça sonne un peu comme un mauvais film de gangster. Mais qu’en est-il des employés de Greenpeace? Sont-ils heureux du dénouement de l’affaire? Ont-ils apprécié être en conflit avec KC? J’en doute, mais le dirigeant de Greenpeace préfère se concentrer sur les autres que sur sa propre organisation. Dommage, à mon avis!
D’autres articles ont récemment été écrit sur les interactions entre ONG et entreprises, ici et là.
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