Dans le cadre de mes recherches à l’Université de Genève, je travaille beaucoup sur les concepts d’écologie humaine, d’économie écologique, ou encore d’économie circulaire.
L’un des aspects très intéressants de ces domaines d’étude est celui de l’économie de la fonctionnalité. Dans l’économie de la fonctionnalité, au lieu d’acheter un bien, on achète le service qu’il rend. Par exemple, au lieu d’acheter une machine à laver, on achète le service de « lavage de linge ». La machine, elle, reste la propriété de l’entreprise. L’entretien et les réparations font partie du contrat. A la fin du contrat (x années d’utilisation, x lavages, etc.), l’entreprise récupère son objet.
Dès lors, l’entreprise conserve les matières premières composant l’objet en question. Elle est donc incitée à proposer des machines solides, dont les pièces se remplacent aisément, sont facilement recyclables, sans produits toxiques, etc. Quitte à récupérer des biens, autant qu’ils soient réutilisables, non?
En soi, ce n’est pas une idée complètement révolutionnaire. Cela existe déjà pour les voitures, par exemple. Mais concevoir une économie basée entièrement sur cette idée est très novateur.
Du point de vue des entreprise, il s’agirait de revoir complètement leur business model. Il ne s’agirait plus de vendre un maximum d’objets, mais de les « louer ». Et ces objets, comme évoqué plus haut, devraient avoir des caractéristiques de durabilité très forte.
Et si c’était cela, la vraie responsabilité sociale? Non pas proposer les mêmes produits, mais plus verts, plus équitables, mais repenser complètement sa façon de faire des affaires?
J’aimerais explorer ces idées de nouveaux modèles économiques – et surtout leurs applications concrètes pour la RSE – dans les semaines à venir!
Tout d’abord merci Julien pour vos nombreux articles qui aiguisent et interpellent nos consciences.
Concernant l’économie circulaire, certes ce n’est pas une idée nouvelle mais avez vous pu définir dans vos études le périmète du possible. Quels sont les produits, les services où une économie circulaire est envisageable, à quelles échéances et où sont les freins? Je travaille dans une coopérative agroalimentaire qui dans un premier temps conseille et vends des intrants aux adhérents agriculteurs et dans un second collecte et transforme les céréales en farine et malt (principalement). Nous sommes sur des produits alimentaires de base. On peut penser a priori que nous sommes exclus d’une économie circulaire. Qu’en pensez vous? L’économie circulaire peut-elle embrasser tous les secteurs?
D’avance, merci de vos réflexions.
Jérôme
Bonjour Julien,
J’adore ce principe ! Ellen Mac Arthur fait des choses super là-dessus : http://www.ellenmacarthurfoundation.org/fr/economie-circulaire
C’est effectivement un pas vers la responsabilité sociale, mais ça ne couvre pas tout, puisque cela ne concerne « que » l’aspect environnemental.
A bientôt
Merci pour vos commentaires!
Xavier, merci pour le lien. J’aime beaucoup les vidéos que l’on peut y trouver! Je dirais que l’on touche tout de même à la dimension économique. J’ai le sentiment que dans les faits, l’économie de la fonctionnalité devrait pouvoir donner accès à certains biens à un prix plus abordable. Il y aurait bien sûr des différences en fonction de la « qualité » du services, mais je pense qu’au moins un tel modèle économique donnerait accès à des objets durables à des personnes n’ayant peut-être habituellement pas les moyens de s’en acheter.
Maintenant, je suis persuadé qu’il doit y avoir quelque chose à dire sur l’aspect social! Ca peut paraître un peu capillotracté, mais je dirais que s’il y a vraiment une volonté de retirer les composant toxiques et dangereux des objets, les conditions de travail pour les employés fabriquant ces objets s’en trouvent améliorée. L’idée est à creuser!
Jérome, merci pour votre commentaire, tout aussi – si ce n’est plus – aiguisant et interpellant! De manière générale, je pense que oui, l’économie circulaire peut être appliquée à tous les secteurs. Maintenant, j’avoue ne pas avoir fait une étude précise pour vérifier cette affirmation scientifiquement. Et la question mérite que je m’y penche.
Il y a une phrase qui décrit l’économie circulaire et que j’aime beaucoup: un déchet est une ressource au mauvais endroit.
Cela me parle beaucoup, et je pense que cela résume bien l’approche en vigueur. Dans le cas des produits alimentaires de base que vous mentionnez, je pense que l’on doit se placer dans cette perspective. Je suppose que dans vos processus, notamment de transformations, vous créez des déchets. Et je suis sûr que ces « déchets » pourraient s’avérer être des ressources pour d’autres personnes, d’autres secteurs. Avez-vous cherché de ce côté-là?
N’hésitez pas à m’envoyer un mail (goy point julien at gmail point com) pour que nous en discutions davantage, je serais heureux de partager davantage à ce sujet avec vous!
Effectivement, on est bien sur env et économique. Et non, le lien au social ne me semble pas capillotracté : je suis convaincu que la « circularité » est garante aussi bien des enjeux éco/env que sociaux.
Coucou Julien,
C’est un sujet passionnant, et exactement ce qu’a fait Interface il me semble. Comptes-tu aborder cet exemple dans les semaines qui suivent ?
Marion
Salut Julien,
Comme tu le mentionnes cette thématique n’est pas nouvelle mais d’actualité dans notre monde en recherche de nouveaux modèles durables. On peut citer les modèles misent en place par des sociétés comme Xerox pour l’impression mais aussi pour d’autres services (coworking, carsharing, boatsharing…). On pourrait aller beaucoup plus loin: en Suisse et plus particulièrement dans le cadre de vente d’équipement de l’industrie des machines où les clients renouvelles leur parc machine régulièrement, il serait intéressant de développer des business model de location. Je me réjouis de voir avancer ton travail sur la question. Et volontiers pour un repas sur Genève 🙂 Keep in touch. Alban
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Merci à Marion et Alban pour vos commentaires!
Marion, parles-tu du programme ReEntry 2.0? Je ne connais pas, mais ça vaut la peine que j’y jette un œil!
Alban, c’est vrai que l’exemple de Xerox est très parlant. Il faudrait essayer de regrouper ces pratiques, pour voir dans quels domaines il y a le plus d’innovation. J’avais aussi entendu parler d’un marchand de tapis ayant recours à un modèle économique similaire! La location d’équipement industriel a assurément de l’avenir. Je ne sais pas si les machines seraient réutilisables telles quelles au fur et à mesure des locations, la technologie évoluant rapidement (tu as assurément plus d’expertise à ce sujet que moi!); mais si tout au moins les pièces des machines peuvent être aisément démontées, réutilisées, ré-assemblées pour répondre à de nouveaux besoins. Il faudrait alors concevoir les machines dans ce but.
J’aimerais vraiment creuser le sujet. Je vais voir dans quelle mesure cela peut être envisageable à mon travail à l’Université; sinon ce sera dans le cadre de mes activités indépendantes! Et oui, voyons-nous pour un repas, je t’envoie un mail demain pour organiser tout cela!
Ton marchand de tapis c’est Interface justement :p
Eh ben bravo Julien! La source que j’avais lue sur cette histoire de tapis n’en mentionnait pas le nom et j’ai – bêtement – cru qu’il s’agissait de deux projets distincts!
Donc oui, et plutôt deux fois qu’une, je vais m’y pencher dans les semaines à venir!
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