Pourquoi sommes-nous malhonnêtes?

Comme évoqué dans un article précédent, je m’intéresse actuellement à ce qui fait que nous trichons, mentons, fraudons sur notre lieu de travail. J’ai suivi diverses pistes, dont principalement le livre The (Honest) Truth About Dishonesty; un ouvrage écrit par Dan Ariely.

L’auteur y présente de nombreux éléments intéressants, mais j’aimerais m’attarder sur un point, qui est le premier abordé dans le livre. Il est question des raisons qui nous poussent à adopter un comportement malhonnête. L’auteur introduit deux théories à ce sujet. La première est en fait un modèle typique de ceux que mettent au point les économistes: le SMORC. Le Simple Model of Rational Crime nous dit qu’à tout moment nous effectuons une analyse bénéfices vs coûts et que cette analyse va nous pousser à commettre ou non un acte répréhensible. Plus en détails, nous mettons en balance d’un côté les bénéfices que nous pouvons retirer d’une action malhonnête et de l’autre la probabilité que nous avons de nous faire attraper ainsi que la lourdeur de la sanction. Si les bénéfices nous paraissent plus importants, nous allons alors commettre cet acte répréhensible.Madoff

Bien sûr, comme beaucoup de modèles du genre, tout cela est réducteur. Voire même faux dans de nombreuses circonstances. Si le SMORC était vraiment valable, il y aurait beaucoup plus de comportements malhonnêtes. Nous sommes aussi gouvernés par un certain nombre de valeurs qui font que nous ne succombons pas à la moindre occasion de tricher, mentir, ou voler.

La seconde théorie présentée par Dan Ariely est à mon sens plus intéressante. Ce qu’il appelle la « Fudge Factor Theory » met l’accent sur le processus de rationalisation de nos actes. C’est-à-dire que si nous arrivons à rationaliser, à justifier notre comportement, il nous paraîtra acceptable de tricher, mentir, voler, jusqu’à un certain point. Cela nous permet de faire avec deux motivations intrinsèques et opposées, à savoir notre désir de profiter de nos actes répréhensibles et celui de pouvoir nous considérer comme de « bonnes » personnes.

Mon sentiment est qu’au sein du monde des entreprises, nous nous appuyons encore trop sur le modèle du SMORC: d’un côté nous mettons en place des systèmes de sanction et de surveillance (le coût augmente), mais de l’autre côté nous avons des systèmes de bonus qui incitent à performer – à n’importe quel prix – pour obtenir des bénéfices toujours plus grand. On est dans un système de carotte et de bâton qui me semble dépassé.

Ne faudrait-il pas se concentrer sur les éléments de la Fudge Factor Theory, afin de réduire la fréquence et la portée des comportements malhonnêtes? Comment faire en sorte que les employés d’une entreprise n’aient pas cette opportunité de rationaliser un éventuel vol, une éventuelle tricherie? Il est sûr qu’un salaire « fair » évitera une justification du type « Je ne suis pas payé à ma juste valeur, je peux donc me permettre de… », mais je suis persuadé qu’il y a d’autres facteurs à prendre en compte.

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