Si votre entreprise veut se lancer sur la voie de la responsabilité sociale, voici quelques règles simples à suivre:
- Ne pas commencer par le présent. Si le point de départ est l’approche actuelle du business, la vision du futur risque bien de n’être autre qu’une extrapolation optimiste. Il vaut mieux partir du futur. Une fois que le senior management a établi un consensus sur la forme que prendra le futur, ils peuvent intégrer ce futur dans le présent.
- S’assurer que l’apprentissage précède l’investissement. Les entreprises intelligentes commencent petit, apprennent vite, et passent rapidement à l’échelle supérieure. Chaque étape est faite de 3 phases: expérimentation et pilotage, débriefing et apprentissage, et passage à l’échelle supérieure.
- S’en tenir à l’objectif tout en ajustant constamment la stratégie. Les managers doivent accepter le fait qu’ils vont devoir constamment procéder à des ajustements tout au long de leur route vers la responsabilité sociale.
- Collaborer. Peu d’innovations peuvent être développées aujourd’hui sans que les compagnies forment des alliances avec d’autres compagnies, des ONG, ou encore des gouvernements.
- Utiliser sa présence internationale pour expérimenter. Il est plus facile pour les multinationales d’intégrer l’innovation dans des marchés émergents où les esprits sont plus ouverts.
Bonjour,
Je suis réellement impressionné par la densité et la profondeur de ce texte tout en étant très synthétique. Cela démontre toute la réflexion qui se cache en arrière et la capacité d’analyse de son auteur.
J’aimerais échanger et revenir sur quelques points pour vous partager mon ressenti. Le point qui m’a le plus interpellé concerne le paragraphe suivant : « S’en tenir à l’objectif tout en ajustant constamment la stratégie ».
Vous exposez en quelques lignes la thèse de Henry Mintzberg, (éminent spécialiste de la gestion, reconnu dans le monde entier) qui stipule que » la réalité marche rarement selon le plan stratégique… En plus, la planification stratégique n’a jamais eu de potentiel stratégique. Elle repose essentiellement sur l’analyse, un univers conceptuel, ordonné par catégories. »
Toujours selon M. Mintzberg, la stratégie est une question d’essai erreur. On l’apprend par expérimentation. C’est une question d’équilibre entre la réflexion et l’action : « Un bon manager agit sans arrêt et réfléchit sans arrêt. Il réfléchit sur ses actions et il agit à partir de ses réflexions… et c’est ainsi que le manager apprend sa voie vers une vision de l’organisation ».
En vous lisant, j’ai tout de suite penser à Mintzberg et c’est pour cette raison que j’ai souhaité le citer, de par sa clairvoyance en ce qui a trait la gestion des organisations car ses théories en management se distinguent des approches conventionnelles avec ce qu’elles ont pu entraîner comme distorsions au sein des entreprises.
Question à l’auteur (ainsi qu’aux autres lecteurs): rejoingez-vous les propos de Mintzberg et correspondent-ils bien aux vôtres ?
Salutations,
Patrice Camus, passionné de « RSE statégique »
Merci Patrice pour ce commentaire, le premier sur « Responsabilité sociale »! Il est qui plus est très pertinent, ce qui ne gâche rien!
Je crois que Mintzberg voit juste. Il est bon de se fixer des objectifs et de tracer un chemin, mais je crois qu’il faut savoir s’écarter du chemin. Il faut savoir que les choses ne sont pas gravées dans le marbre.
Surtout, il faut pouvoir admettre que l’on s’est trompé. Fonctionner sur le mode « essai et erreur », comme vous le mentionnez, c’est justement admettre la possibilité qu’une erreur se produise.
C’est d’autant plus vrai dans le domaine de la RSE que c’est un domaine relativement neuf, où il reste beaucoup de choses à faire et à apprendre. Cela implique parfois de se tromper, de réfléchir à ce que l’on a fait, et de poursuivre en fonction de ces erreurs et ces réflexions.
Je relis votre post et souhaite à nouveau soulever la pertinence de cet exposé qui pourrait même servir de « plan de match » pour les organisations qui amorcent et qui souhaitent réaligner leur approche d’intégration de la RSE.
1) « Ne pas commencer par le présent », c’est en quelque sorte être VISIONNAIRE ! C’est imaginer comment la RSE pourrait être un levier de croissance pour l’organisation (et pas seulement en terme de développement des affaires mais également au niveau de la mobilisation, de l’attraction et la rétention des forces vives de l’entreprise : un enjeu parmi tant d’autres…) tout en ayant des bénéfices collatéraux sur l’environnement, les communautés, la Société en générale.
2) « S’assurer que l’apprentissage précède l’investissement ». C’est pour moi l’idée de travailler en équipe dans le cadre de projets ou initiatives en interne de l’organisation c’est-à-dire de développer une communauté de pratiques au sein de l’entreprise, d’impliquer et de responsabiliser tous les secteurs de l’organisation. Pourquoi à l’interne dans un premier temps ? Car il est, à mon sens, de prêcher par l’exemple avant d’envisager que l’entreprise s’expose à l’externe.
Mais avant toute chose, il faut bien évidemment sensibiliser, éduquer les parties prenantes en interne puis celles de l’externe à l’organisation.
3) « S’en tenir à l’objectif tout en ajustant constamment la stratégie ». Les organisations auraient tout avantage à envisager un style de management qui soit flexible (voir mon post précédent).
4) « Collaborer ». C’est essentiel. C’est la clé du succès. On ne peut plus travailler en vase clos surtout à l’époque du web 2.0, des médias sociaux qui révolutionnent la façon non plus de communiquer mais de dialoguer. La communication se doit maintenant d’être bidirectionnelle entre l’organisation et ses différentes parties prenantes. Elle en a d’ailleurs tout avantage sur le long terme.
5) « Utiliser sa présence internationale pour expérimenter ». Pour moi, ça signifie que les entreprises doivent rester à l’affût des pratiques, des tendances en RSE mais également des préoccupations, attentes et besoins de leurs parties prenantes à l’échelle internationale.
Je vous partage là quelques idées mais je n’estime pas avoir la science infuse et suis ouvert à la discussion. Je pense que c’est d’ailleurs le propre de ce blog.
Au plaisir de lire d’autres points de vue,
Patrice Camus
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