Récemment, au détour de quelques tweets, je suis tombé sur la « Buyerarchy« . Il s’agit d’une revisite de la fameuse pyramide des besoins de Maslow. Mais ici, on ne s’occupe pas des besoins de l’être humain en général; il s’agit plutôt d’une réorganisation de ce que devraient être nos comportements lorsqu’il s’agit de notre rapport aux choses, aux objets.
A la base, il faut utiliser ce que l’on a. Si ce n’est pas possible, il faudrait alors chercher à emprunter ce dont on a besoin. Ou éventuellement, l’échanger, le troquer. Acheter d’occasion ou fabriquer soi-même sont les options suivantes. En dernier recours, on peut acheter ce dont on a besoin.
J’ai trouvé cette Buyerarchy très intéressante. Et je me suis demandé ce qu’elle pourrait signifier pour une entreprise: si chaque consommateur « utilisait » cette nouvelle hiérarchie des besoins, comment une entreprise devrait-elle penser ses produits?
Selon moi, il s’agirait avant tout de faire des produits de très haute qualité et très durables. Cela permettrait au consommateur d’utiliser ce qu’il a. Ce d’autant plus si, en fonction du produit, on en fait un produit multi-usage et qui s’adapte à diverses situations.
Pour ce qui est d’emprunter, c’est plus compliqué car on touche vraiment au comportement des consommateurs, chose sur laquelle une entreprise a une influence relative. Mais elle pourrait tout de même faciliter et encourager le prêt. Peut-être en créant un site sur lequel les consommateurs pourraient – volontairement bien sûr – indiquer quels objets ils possèdent et sont disposés à prêter. Il suffirait alors de chercher qui dans son quartier a la débroussailleuse ou le dénoyauteur dont on a besoin sur le moment.
Pour ce qui est d’échanger/troquer et acheter d’occasion, l’entreprise devrait miser sur un service à la clientèle très performant. Les consommateurs pourraient rapporter les objets dont ils ne se servent plus et soit les échanger contre d’autres objets d’occasion, soit les laisser en dépôt-vente pour d’autres consommateurs.
Je suis moins sûr de ce que l’on pourrait faire pour l’étage « Fabriquer ». Vendre son produit en kit revient à le vendre de toutes façons. Des suggestions sur cet aspect? Pour ce qui est de vendre, rien de particulier, c’est ce que l’on fait déjà!
Ce qui serait vraiment intéressant, ce serait de voir comment une entreprise intégrerait tous ces divers besoins dans son business. En effet, pris séparément, ces pratiques existent déjà, mais il serait passionnant de voir comment toutes les intégrer dans un seul et même processus et dans une seule et même stratégie. Je suis sûr qu’une entreprise proposant des produits durables et mettant en réseau ses clients pour leur permettre de s’emprunter des produits qu’ils n’ont pas ou de se les échanger voire de se les vendre…une telle entreprise rencontrerait un réel succès.
Bonjour,
Pour le « fabriquer », je trouve intéressant de faire une glissade vers le « réparer ». Les entreprises peuvent encourager/éduquer/apprendre à leurs clients comment réaliser les réparations simples des objets qu’elles produisent. Même lorsque l’on fait du qualitatif et du durable, l’usure intervient. Par un produit de qualité, je crois qu’on entend aussi un produit qui se répare : l’entreprise peut proposer :
1. des tutos/vidéos des réparations des usures/ de base : changer la courroie du sèche linge, changer une fermeture éclair…
2. un service « réparation » (pour ceux qui n’ont pas l’âme bricoleurs) ou des partenariats avec des artisans en les formant aux réparations des produits.
3. des conseils pour augmenter la durabilité des produits. La publication d’analyses d’impacts entre le « réparer » et le « acheter à nouveau ».
Voilà ma contribution,
Bonne journée,
Marilyn.
Merci pour votre suggestion, Marilyn, qui me semble très bonne!
Si on remplace « fabriquer » par réparer, il conviendrait alors de le faire descendre dans la pyramide. Je pense comme vous que les entreprises pourraient faire beaucoup pour aider les consommateurs à réparer leurs produits. Je suppose que nombreux sont ceux qui diraient que cela ferait perdre de l’argent à l’entreprise, puisqu’elle mise aussi sur la vente de prestation de ce type: appeler un réparateur pour votre machine à laver, par exemple. Mais elle pourrait aussi compenser ces pertes en vendant plus de pièces de rechange.
En effet, les géants du jetable ne sont pas structurés pour répondre à ce type de « marché »… ou pour proposer ce type de SAV… Il faut que toute la chaîne soit pensée de manière durable, si on veut qu’elle soit rentable… et hop, on revient à la gouvernance 😉
Effectivement, on en revient toujours aux mêmes questions de la gouvernance, de la stratégie, etc. Assurément le signe que c’est là qu’il faut « appuyer ». Pas toujours facile malheureusement, les dirigeants étant souvent plus enclins à effectuer de petits changements liés à l’opérationnel que de grandes réformes stratégiques.
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