Lorsqu’il s’agit d’expliquer le comportement d’autres personnes, les gens ont tendance à donner plus de poids aux explications liées à la personnalité de ces autres personnes qu’au facteurs liés à la situation. Inversement, si vous analysez et expliquez votre propre comportement et vos motivations, vous aurez tendance à partir du principe qu’ils sont basés sur une réaction à une situation, et non à des facteurs de personnalité.
C’est la la leçon no 59 à retenir de 100 Things Every Designer Needs to Know About People: « People assume it’s you, not the situation », que j’ai lu récemment.
Leçon intéressante en ce qui nous concerne, puisque l’on peut constater que ce phénomène est récurrent lorsqu’il s’agit de responsabilité sociale. En cas de problème, une entreprise incriminée avance très souvent des arguments situationnels pour expliquer sa piètre performance: « la crise nous a forcé à allouer moins de budget à nos programmes environnementaux », « nous ne pouvons pas grand chose si la législation en matière de travail des enfants est lacunaire dans les pays de nos fournisseurs », etc.
De l’autre côté, les ONGs et les autres stakeholders lient les problèmes de RSE à la « personnalité » de l’entreprise elle-même: « vous êtes irresponsables », « vos valeurs ne sont pas les bonnes », etc. Et le dialogue de sourds s’installe…Les deux parties peuvent être de bonne foi, il n’en reste pas moins qu’il est difficile de partir sur de telles bases pour s’entendre.
En tant qu’entreprise, il faut s’attendre à ce genre de réaction, et se préparer en conséquence. C’est toujours vous, jamais la situation. Deal with it!
Analyse intéressante 🙂
Merci Marion! J’essaie d’exploiter un maximum mes lectures et de tracer des parallèles avec la RSE, en espérant que ce soit utile. Je pense pouvoir bientôt publier un article sur le greenwashing et le blah-blah-meter de Dan Roam!
Je pense que le fait que les personnes aient justement le pouvoir de faire « mal » montre les lacunes du système/de l’entreprise.
Quant bien même J. Kiervel a réellement réussi à bluffer tout le monde au sein de sa banque, le fait qu’il puisse le faire montre une défaillance totale de l’institution.
Après malheureusement, la stratégie du bouc émissaire est toujours la plus facile.
Je ne sais pas si Kerviel a tellement bluffé ses collègues. J’ai surtout l’impression que tant que ça fonctionnait, ses superviseurs plus ou moins directs s’accomodaient de ses agissements. Et n’ont pas manqué de jouer les vierges effarouchées lorsque cela s’est su!
L’affaire en tous cas pose la question de la responsabilité individuelle vs. la responsabilité collective. Il est intéressant de noter qu’au final, seul Kerviel a été condamné dans cette affaire.
A lire sur le sujet (et d’autres) « Le roman vrai de la crise financière », par Pastré et Sylvestre.